Les Sauvages – Avis +

Présentation officielle

Un samedi de mai, à Paris. Sur les affiches et les écrans, un visage souriant promet à la France que « l’avenir, c’est maintenant ». Pour la première fois, le favori de la présidentielle est un candidat d’origine algérienne.

Le même jour à Saint-Étienne. Dans la turbulente famille Nerrouche, c’est la fièvre des préparatifs de mariage. On court, on s’engueule, on s’embrasse… Mais le jeune Krim, témoin du marié, ne cesse d’aller et venir, en proie à une agitation croissante dont personne ne comprend la cause.

Est-ce l’atmosphère de malaise entourant l’alliance entre un Kabyle et une Arabe ? La rumeur selon laquelle le jeune époux est homosexuel ? Ou bien est-ce le flot de SMS que Krim reçoit de son mystérieux cousin ?

En vingt-quatre heures seulement, tous les fils se nouent et se dénouent : la collision entre le destin d’une famille et les espoirs d’un pays devient inévitable.

L’ambition et la fluidité de l’écriture des Sauvages, avec son étonnante galerie de personnages tour à tour émouvants et drôles, terrifiants et tragiques, l’apparente à la grande tradition romanesque du XIXe siècle. Son sens aigu de la narration et du rythme le rapproche des séries américaines les plus modernes. Les Sauvages se lit d’une traite, jusqu’à sa fin spectaculaire.

Avis d’Artemis

Les Sauvages est à la fois un premier roman et le premier tome d’une tétralogie de Sabri Louatah [[Vous pouvez visiter le site de l’auteur, sur lequel vous trouverez notamment des extraits et des interviews]]. Ce jeune auteur talentueux nous offre ici une chronique de la société, vue à travers le prisme d’une famille d’origine algérienne en pleine célébration d’un mariage, tout en s’ancrant dans l’actualité d’une élection présidentielle, où le candidat du second tour est d’origine algérienne.

La plume est fluide, ironique, sûre, mais se fait aussi attachante et touchante, particulièrement avec le personnage du grand-oncle Ferhat. D’ailleurs, le style est une grande réussite du roman, où chaque personnage a sa voix propre, distinguée par son ton et son niveau de langage, la voix du narrateur se différenciant elle aussi.

L’autre grand succès de ce livre est le mélange des genres : petite et grande Histoire se mélangent. Dans un contexte politique original en toile de fond, cette histoire chorale met ses personnages face à des problématiques aussi variées que l’identité, la tradition, la violence, la drogue, l’homosexualité dans une famille traditionnelle, la religion.

On regrettera peut-être l’absence d’un petit lexique traduisant les expressions des personnages, à la fois celles de langage très oral qu’emploie Krim, tout comme celles de l’ensemble de la famille Nerrouche.

Le format de tétralogie semble surprenant pour un tel sujet, inhabituel. Que dire d’autre de plus en conclusion que nous attendons la suite, puisque nous n’avons eu là qu’un quart de l’histoire finalement !

De nombreuses questions sont ouvertes, des secrets ont été évoqués et le destin de personnages est suspendu à un fil… Il sera intéressant de voir comment l’auteur va faire évoluer ces personnages et le rythme des tomes suivants : choisira-t-il de conserver le format 24 heures et son intensité ? Ou chaque tome aura-t-il un thème ou un rythme spécifique ?

Quoi qu’il en soit, ce sera un plaisir de retrouver la plume de Sabri Louatah.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 250
Editeur : Flammarion – Versilio
Sortie : 4 janvier 2012
Prix : 19 €