Je ne suis pas un serial killer – Avis +

Présentation de l’éditeur

John Wayne Cleaver est un jeune homme potentiellement dangereux. Très dangereux. Jugez-en plutôt : garçon renfermé, pour ne pas dire sociopathe, il vit au milieu des cadavres à la morgue locale, tenue par sa mère et sa tante, il a une certaine tendance à tuer les animaux et, depuis son plus jeune âge, il nourrit une véritable passion pour les tueurs en série. Ainsi, son destin semble tout tracé.

Mais conscient de son cas, et pas spécialement excité à l’idée de devenir un serial killer, John a décidé d’en parler à un psy et de respecter quelques règles très précises. Ne nourrir que des pensées positives à l’égard de ses contemporains. Ne pas s’approcher des animaux. Éviter les scènes de crime. Ce dernier commandement va néanmoins devenir très difficile à suivre lorsqu’on retrouve autour de chez lui plusieurs corps atrocement mutilés. Y aurait-il plus dangereux encore que John dans cette petite ville tranquille ? Aurait-il enfin trouvé un adversaire à sa taille ?

Premier volume d’une trilogie consacrée à John Wayne Cleaver, héros au charme irrésistible, Je ne suis pas un serial killer dynamite d’un humour servi très noir tous les clichés du thriller. Avec une intrigue qui surprend en permanence le lecteur, Dan Wells nous tient éveillés jusqu’au bout de la nuit, ce qui reste encore la meilleure façon d’éviter les cauchemars.

Avis de Marnie

Si les critiques et l’éditeur américain citent Tarantino lorsqu’ils parlent de Dan Wells, c’est assez bien vu, non pour la violence jubilatoire marque de fabrique du fameux réalisateur, mais surtout pour l’étonnant mélange des genres. En fait, la construction de ce roman nous fait penser à Une nuit en enfer de Robert Rodriguez (écrit et joué par Quentin Tarantino), soit un thriller très noir, avec serial killer à l’appui, où nos méchants vont tomber dans un repaire de vampires, soit des plus méchants qu’eux.

L’écriture de Dan Wells qui joue sur l’humour, le gore, le policier, le fantastique est jouissive et séduit dès la première page le lecteur. Bien sur, certains penseront à Dexter, Six Feet Under et même à Buffy. Certes, l’influence est présente, mais l’auteur est semble-t-il, et comme nous, un enfant de la télé.

Cette intrigue resterait tout de même simplement une énième variation de genre, s’il n’y avait pas un héros enthousiasmant qui fait toute la différence. John Wayne Cleaver est un adolescent de quinze ans… et qui dit adolescent, dit malheureux, mal dans sa peau, abandonné par son père, rejeté par les autres élèves de sa classe et attiré par une jolie et fraîche petite voisine.

Seulement, un autre problème de taille s’ajoute à tous ses problèmes existentiels : John Wayne Cleaver porte le patronyme d’un acteur célèbre cowboy, mais aussi le prénom d’un serial killer[[John Wayne Gacy]], de plus il est le fils de Sam Cleaver, donnant « le fils de Sam »(Son of Sam) dit le nom d’un autre tueur en série[[David Berkowitz]]. Vers l’âge de huit ans, il a réalisé qu’il accumulait tous les clichés liés à ce type de criminel, ce qu’il se refuse à devenir même s’il est diagnostiqué sociopathe. Obsédé par la mort, il se délecte à travailler à la morgue. Il va tout faire pour contrôler la bête qui vit en lui et qui ne demande qu’à se déchaîner.

L’énorme atout du roman, c’est l’empathie que l’on éprouve pour John, même si lui ne peut en ressentir pour nous. Ecrit à la première personne, l’adolescent nous parle de sa vie, de ses proches, et surtout de son immense solitude comme de ses efforts démesurés pour vivre dans une certaine normalité, lui que tout le monde considère comme une grenade dégoupillée.

Ce quotidien nous est relaté avec une émotion à fleur de peau qui touche le lecteur en plein coeur. Comme le précise le psychiatre, un sociopathe n’est pas quelqu’un qui ne ressent aucune émotion mais plutôt une personne qui ne parvient pas à les gérer. Totalement dans son élément, John va se mettre à la recherche du serial killer qui terrifie la petite ville…

C’est étrange de penser en découvrant une dédicace que l’histoire ne peut être qu’excellente. C’est exactement ce qui se passe ici avec ce récit étonnamment maîtrisé pour un premier roman, avec de surprenants rebondissements. Il est évident que l’auteur a réfléchi des années avant de l’écrire, tant la psychologie de John est approfondie. Dans ses remerciements en postface, Dan Wells ressent le besoin de préciser à sa famille qu’il n’est pas lui-même un tueur en série… ce qui ne semble pas être une simple boutade !

Le rythme est soutenu, les coups de théâtre s’enchaînent, les personnages secondaires que le lecteur ne voit qu’à travers les yeux d’un adolescent perturbé révèlent des facettes inattendues qui relancent le récit. La morale de l’histoire, c’est comme toujours souvent avec la littérature actuelle, un hymne à la tolérance vraiment réussi. Il ne faut pas avoir peur des étrangers, le danger vient de vos gentils voisins que vous connaissez si bien.

A quand la traduction de la deuxième aventure de John Wayne Cleaver ?

Fiche technique

Format : broché
Page : 250
Editeur : Sonatine
Sortie : 14 avril 2011
Prix : 18 €