Washington, 1946. Billie a toujours su que son charme était sa force. La preuve : elle a deux visons. Jusqu’au jour où son généreux protecteur a besoin qu’elle apprenne à se tenir en société afin qu’il puisse mener à bien ses louches affaires.
Sur les conseils alcoolisés de son avocat, il charge un jeune journaliste, regrettablement intègre, de parfaire l’éducation de Billie. Quelle imprudence…
Avis de Marnie
Nous avions déjà pu nous apercevoir à quel point les adaptations des « comédies sentimentales » d’Hollywood des années 40 peuvent être réussies, dont le plus bel exemple est celui de La Boutique au coin de la rue de Miklós László, mise en scène en 2001 par Jean-Jacques Zilbermann, avec Florence Pernel. Pourtant, le risque, c’est que le résultat paraisse ringard, niais, lourd ou superficiel, soit un d’un kitch ridicule…
Il est facile de croire qu’il faut juste copier, puis croiser les doigts en espérant que la magie opère. En fait, applaudissons ceux qui tentent l’aventure en ayant astucieusement saisi l’aura de ce qui rend ce genre d’histoires intemporelles, soit un scénario solide malgré la légèreté apparente, des dialogues percutants, émouvants et drôles, et des comédiens qui y croient !
C’est exactement ce que vous découvrirez en allant voir cette très jolie adaptation de la pièce de Garson Kanin un des très grands scénaristes d’Hollywood qui, dans ses mémoires, gardait une tendresse très particulière pour cette fable qui l’air de rien, au sortir de la guerre, nous parle de l’émancipation de la femme. Franchement inspiré de l’esprit politisé et social d’un Frank Capra, il signe une délicieuse comédie sentimentale pleine de peps et d’esprit dont Manon Rony s’est « très librement inspirée » comme il est indiqué sur l’affiche.
Lorsque l’on a vu comme moi au moins une dizaine de fois le film réalisé par George Cukor en 1950, qui offrit à la délicieuse Judy Holliday son unique Oscar d’interprétation, « librement adapté » semble être un euphémisme ou bien une boutade ! Nous retrouvons la même critique sociale de Born Yesterday (le titre anglais), les mêmes passages drolatiques, et les mêmes détails qui fonctionnent encore 65 ans après qui semblent calqués sur l’original. Mais après tout pourquoi changer une équipe qui gagne ?
Manon Rony semble bien en avoir conscience puisque même l’affiche possède ce petit aspect volontairement suranné qui rend le tout tellement sympathique. Seulement avoir un bon texte n’est pas
La très bonne idée c’est qu’elle force le jeu, habitant complètement le personnage avec des poses appuyées, de superbes vêtements de poule de luxe, ou des intonations crispantes que ne renierait pas Fran Dresher dans la version originale de la Nounou d’enfer… Au lieu d’être ridicule, elle possède une saine vulgarité, minaudant une minute, pour devenir attendrissante l’instant suivant lorsqu’elle se met à « réfléchir » !
Si Ken Higelin est un charmant et très crédible journaliste idéaliste coincé, dont la voix se met à vibrer au bon moment, lorsqu’il se met à déclamer les valeurs de la Constitution américaine, Richard Leduc est brillant en avocat véreux et alcoolique, personnalité quelque peu effacée au départ et qui de plus en plus saoul au fur et à mesure des évènements, devient un des ressorts comiques de la pièce. Il faut souligner l’interprétation nuancée de Benoit Tachoires qui avec le personnage de mafieux doit non seulement effrayer mais aussi
Enfin, la chaleureuse petite salle du Café de la Gare semble avoir été spécialement conçue pour cette comédie intimiste ! Du pur divertissement totalement dans l’esprit des comédies américaines que l’on aimait tant, soit un vrai plaisir de… cinéphile d’où l’on ressort le sourire aux lèvres…
Fiche Technique
Adresse : Le Café de la Gare – 41 rue du Temple – Paris 4e
Locations : 01 42 78 52 51,
Horaires : du 2 février au 29 mai 2011, les mercredi, jeudi, vendredi et samedi à 21H30 ; le dimanche à 18H00
Tarifs : 28 € (réduction à consulter sur le site du théâtre)
Adaptation et mise en scène : Manon Rony
Avec Benoît Tachoires, Marie-Charlotte Leclaire, Ken Higelin et Richard Leduc