
Editeur : Dunod
de Marc Bloch
Présentation de l’éditeur
Cofondateur, en 1929, de la revue Annales, le grand historien Marc Bloch fut une des victimes de Klaus Barbie. Fusillé le 16 juin 1944 à Saint-Didier-de-Formans (Ain), près de Lyon, il laissait inachevé un ouvrage de méthodologie, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien – sous-titré dans son plan le plus ancien ou Comment et pourquoi travaille un historien -, qui fut publié en 1949 par Lucien Febvre.
L’édition ici présentée de l’ouvrage posthume de Marc Bloch est livrée par son fils aîné, Étienne Bloch. Le texte y apparaît dans son intégralité et sans modification aucune. On découvre dans ces pages l’œuvre dans sa forme intégrale et cette œuvre prenant forme, le travail d’un homme la construisant et d’un historien affirmant l’intérêt de l’histoire, légitimant une science historique, définissant des pratiques, des objectifs, une éthique, son « métier ».
On y redécouvrira aussi la modernité de cette réflexion, du regard porté sur l’histoire, cette « science en marche », cette « science des hommes dans le temps », grâce auquel se fonde l’espoir que « les sociétés consentiront enfin à organiser rationnellement, avec leur mémoire, leur connaissance d’elles-mêmes ».
Avis de Olivier
Du plaisir de découvrir enfin ce vieux classique, d’autant que son actualité rend le texte encore plus frappant. Marc Bloch y présente à la fois la pertinence de l’histoire (en tant que matière universitaire), les méthodologies de base et sa propre vision du métier qui a considérablement marqué l’approche française de la discipline.
L’auteur écrit juste après la défaite de 1940, il vise la tentation d’utiliser l’histoire pour des raisons de propagande, mais il s’attaque aussi à un courant utilitariste, qui souhaite n’étudier que ce qui aura une utilité immédiate. Impossible de synthétiser ici la richesse de son argumentation, mais mentionnons l’une de ses propositions. Pourquoi la culture occidentale est particulièrement liée à l’histoire ? Car elle s’appuie sur deux piliers anciens : la pensée grecque et le christianisme.
Dans sa méthodologie, il s’intéresse beaucoup à la question des témoignages. Comment sait-on qu’un témoignage (oral ou écrit) est valable ? Et mieux, qu’est-ce qu’un témoignage nous dit en plus de ce que le témoin souhaite transmettre ? Par exemple, il présente la liste des connaissances que l’on peut tirer des factures pour comprendre le quotidien d’une ville à une époque donnée. Il insiste bien sûr sur la mise en contexte et sur l’attention particulière à avoir pour des mots qui ont changé de sens au cours du temps, et que l’on risque de charger avec le sens (et les émotions) d’aujourd’hui. Là aussi l’ouvrage fourmille d’exemples concrets, particulièrement parlant.
On comprend bien l’importance d’un tel ouvrage à l’époque de l’accélération de la communication et des intox en tout genre. Et pour ne rien gâcher, Marc Bloch écrit sur le ton de confidences d’un vieux professeur à l’heure du thé.
Fiche technique
Format : poche
Pages : 264
Éditeur : Dunod
Sortie : 10 janvier 2024
Prix : 9,90 €