Une exécution – Avis +

Editeur : Pocket

roman de Danya Kukafka

Présentation de l’éditeur

Dans la tête du serial killer. Dans le cœur de ses victimes.

L’exécution d’Ansel Packer est prévue dans 12 heures. Il a reconnu ses actes et attend la mort. Ansel ne veut pas mourir. Il veut être admiré, écouté, compris. Tout cela n’était pas prévu.

C’est par les récits de trois femmes – entrecoupés par le monologue de Packer depuis sa cellule – que nous découvrons la vie du tueur. La mère, l’amante, et puis Saffy, une jeune enquêtrice qui a croisé la route d’Ansel dans son enfance.
Alors que l’heure de l’exécution d’Ansel se rapproche, on suit les routes de ces trois femmes qui culminent à la manière d’une tragédie, nous laissant face à des questions d’une cruelle actualité.

Pourquoi cherche-t-on toujours à comprendre les ressorts et les motivations de la violence, explorant à l’envi la psyché du bourreau ? Qu’est-ce que cette fascination, ce culte du bourreau, dit d’une société qui oublie ses victimes ?

Avis de Thérèse

Une exécution de Danya Kukafka est le lauréat du Prix Nouvelles Voix du Polar 2024, et c’est amplement mérité, que ce soit pour le choix du sujet et surtout son traitement, pour la limpidité de son écriture, et pour l’humanité de ce roman tout en nuances.

Le premier chapitre met en scène d’Ansel Packer, condamné à mort, surnommé « le tueur de gamines », douze heures avant son exécution. Il est coupable, on le sait, il ne le nie même pas. Mais il semble surtout préoccupé de savoir si sa Théorie, cet essai philosophique pour lequel il a pris des notes toute sa vie, sera publiée et reconnue. Selon lui, personne n’est bon ou mauvais, tout est en permanence question de choix, il existe des univers parallèles où chacun peut mener une vie différente. Sa mort dans douze heures, il n’y croit pas, il a d’autres projets.

Les chapitres dédiés à Ansel et au décompte, heure après heure, puis minute après minute, jusqu’à l’injection fatale alternent avec les voix de trois femmes qui l’ont connu et qui vont éclairer son portrait, son parcours.

Tout d’abord Lavender, sa mère, dix-sept ans à la naissance d’Ansel, qui l’a abandonné à quatre ans avec le bébé âgé de quelques semaines, pour fuir le père violent, espérant ainsi leur offrir une meilleure vie.

Saffy, qui a connu Ansel enfant en famille d’accueil, qui a perçu sa violence et sa cruauté. Devenue policière, elle l’a toujours considéré le principal suspect d’une vieille affaire, mais sa hiérarchie de l’époque ne l’a pas suivie.

Hazel, la sœur jumelle de l’ex-femme d’Ansel, qui ne s’est jamais sentie à l’aise avec lui, alors que sa sœur en était follement amoureuse et que leurs parents l’adoraient.

Danya Kukafka réussit à nous tenir en haleine tout le long du roman, alors même qu’on sait ce qui est arrivé et ce qui va arriver. Elle ne prend pas position, elle met tous les éléments sous les yeux du lecteur, à lui de se faire une opinion. L’horreur de tout ce qu’a fait Ansel. L’horreur de ses débuts dans la vie, ce qui a fait de lui ce qu’il est. Ansel Packer est un monstre, aucun doute, mais c’est aussi une victime et on ne peut s’empêcher d’éprouver un pincement au cœur quand on comprend à quel moment de sa vie la justice va enfin le rattraper. Dans un de ces univers parallèles auxquels il croit, que serait devenu Ansel si on ne lui avait pas confié, à quatre ans, la responsabilité de la vie d’un nourrisson ?

Un vrai coup de cœur pour ce roman sombre et troublant, qui monte en puissance et en émotion au fil des pages.


Fiche technique

Format : poche ‏
Pages : 432
Éditeur : ‎Pocket
Sortie : 7 mars 2024
Prix : 9,20 €