Ça va Faire Très Mal ! – Avis +

Editeur : Panini Comics

de Garth Ennis et Darick Robertson

The Boys intégrale : tome 1

– Ils ont des superpouvoirs ! Comment on peut même espérer les impressionner ?
– Faut mettre les moyens.

Assis sur un banc dans Washington DC, le Britannique Butcher et son chien Terreur observent un super-héros évoluer dans le ciel : le prochain objectif. Pour cela rien de tel qu’un court entretien avec madame la directrice de la CIA. Après un petit exercice physique dont le Bureau ovale était coutumier à l’époque de l’administration Clinton et de la présence d’une certaine stagiaire, il est temps de passer aux affaires concrètes : à savoir le contrôle des super-héros.

Avoir 200.000 super-types actifs dans le monde pose quelques problèmes, il est nécessaire de les tenir à l’œil et de temps en temps de leur envoyer un message fort. Pour cela, Butcher bénéficie d’une équipe de choc comprenant un ultra violent taré (le Français), une ultra violente tarée (la Fille), un gestionnaire mentalement stable (la Crème) et une nouvelle recrue Hughie l’Écossais (1)1. Ce dernier est quelque peu dépressif depuis que sa copine s’est retrouvée victime collatérale d’un combat entre super-héros et super vilains.

Car en toute logique, bénéficier de superpouvoirs et ne pas violer la loi n’impliquent pas forcément des personnalités très altruistes et bien des super-héros n’utilisent leurs superpouvoirs en costume que pour la gloire et l’obtention de droits dérivés. L’un d’eux, utilisant des armes à feu, a même pour sponsor la NRA (National Riffle Association).

De plus, les super héros sont également pourvus d’un super ego et de défauts en proportion. Ainsi, Garth Ennis s’est avisé que la possession de griffes permet l’automutilation. Quant aux séances de soutien moral dans l’hôpital pour enfants, elles permettent de piller discrètement la réserve de drogue. Dans les deux cas, il s’agit de membres des Jeunes Teignes. L’allusion aux Jeunes Titans est claire, d’autant que Speedy le disciple de Green Arrow dans DC Comics a lui aussi un passé de drogué.

Mais la principale allusion concerne le groupe mythique des sept dans lequel on peut voir une adaptation politiquement incorrecte de la JLA. Ses membres sont aisément reconnaissables :
– Protecteur de la Patrie (Superman)
– Black Noir (Batman)
– Train A (Flash)
– Reine Maeva, l’impératrice de l’Outremonde (Wonder Woman)
– Jack de Jupiter (Martien Manhunter)
– Profond (Aquaman)
– L’allumeur (Green Lantern)
Ce dernier étant mystérieusement absent, il vient d’être remplacé par Stella une jeune provinciale naïve qui découvre que l’examen d’admission consiste à…. (censuré !)

Bienvenue dans le monde du stupre et de la violence. Les auteurs en ont tellement fait que les éditions US Image ont préféré ne pas trop insister après les premiers épisodes et ont refilé cette série traumatisante pour l’image des super-héros aux éditions Dynamite.

Dans l’univers de The Boys, les tours du World Trade Center sont intactes, par contre on observe que le pont de Brooklyn est en ruine. Guantanamo a été remplacé par Anchorage qui accueille des terroristes du monde entier pour quelques séances d’interrogatoire.

Les auteurs accentuent à la fois l’atmosphère sombre de l’univers et le caractère caricatural des protagonistes. Les héros découvrent bien vite les limites de leurs actions sur une vaste échelle. En ce cas il ne leur reste comme consolation que l’expression de leur violence personnelle. L’humour noir et la parodie se révèlent être les recettes d’un scénariste à l’humour très particulier (il est anglais !).


  1. auquel le dessinateur a donné les traits de l’acteur britannique Simon Pegg ↩︎

Fiche technique

Format : album
Pages : 352
Scénario : Garth Ennis
Dessin : Darick Robertson
Épisodes originaux : The Boys (2006) 1-14
Editeur : Panini Comics
Sortie : 03 avril 2024
Prix : 9,99 €