Mirror Bay – Avis +

Éditeur ‏: Sonatine

roman de Catriona Ward

Présentation de l’éditeur

Été 1989. Les parents de Wilder Harlow viennent d’hériter d’un cottage dominant les côtes du Maine. L’adolescent, plutôt mal dans sa peau, fait la connaissance sur la plage d’une jeune fille, Harper, et d’un garçon, Nathaniel. Très vite, le trio devient inséparable. Mais malgré le tableau idyllique du bord de mer, des balades en bateau, des amitiés naissantes et des secrets partagés, des rumeurs courent à Whistler Bay.

On parle d’une mystérieuse noyée dont le corps n’a jamais été retrouvé, d’un homme qui s’introduit la nuit dans les foyers pour prendre en photo les enfants pendant leur sommeil… Bientôt, l’inquiétude est avivée par des événements beaucoup plus sombres. Pour les trois adolescents, les portes de l’enfance se referment à jamais. Profondément marqué, Wilder entreprend de rédiger ses mémoires. Prenant un visage totalement inattendu, l’horreur frappe à nouveau…

Avis de Thérèse

Dans son précédent (et premier) roman La dernière maison avant les bois, Catriona Ward nous avait démontré sa virtuosité à manier les mots, les situations et les sentiments, et on refermait le livre avec le cœur un peu tremblant. Dans Mirror Bay, elle nous fait découvrir un autre aspect de son habilité à manipuler le lecteur en même temps que ses personnages, mais cette fois c’est le cerveau en compote qu’on referme le roman. Le début semble pourtant tout à fait classique.

1991. Wilder, adolescent mal dans sa peau, passe pour la première fois l’été à Whistler Bay, dans la maison que son père a hérité à la mort de l’oncle Vernon. Il se lie d’amitié avec Nat, fils d’un pêcheur local, et d’Harper qui vient chaque année en vacances. Nat et Harper s’amusent à inquiéter Wilder en lui racontant certaines légendes locales, comme celle de Rebecca, une jeune femme partie nager dont le corps n’a jamais été retrouvé, ou celle du rôdeur qui pénètre la nuit dans des chambres d’enfant pour les photographier et abandonne sur place un Polaroïd. Mais toutes les légendes n’en sont pas, des rumeurs circulent, des soupçons naissent, des peurs, et cet été se termine de manière tragique.

A la rentrée, Wilder entre à l’université et fait la connaissance de Sky qui le pousse à mettre par écrit cette expérience traumatisante, une manière de l’exorciser.

Pour la suite du roman, qui se déroule en 1992, 2011 et 2023, il convient de faire attention aux polices de caractère qui indiquent un changement de narrateur et/ou d’époque. Dans une véritable mise en abyme, on se retrouve avec plusieurs livres dans le livre, et certains en contiennent encore d’autres. Un même personnage porte des noms différents selon les récits. L’histoire se dévoile par petites touches, chaque narrateur raconte sa version et met en place une nouvelle pièce du puzzle… mais toutes ne sont pas justes.

Non, ce n’est pas une lecture facile. Non, ce n’est pas un récit qu’on découvre de manière linéaire, il est plein de tours et détours, de retours en arrière. Avec brio, et sans doute un peu de perversité, Catriona Ward jette le lecteur dans un labyrinthe angoissant et sombre, avec l’impression d’être dans un palais des glaces à la foire, ces labyrinthes de miroirs où on croit voir la sortie là où elle n’est pas. Une fois le livre terminé, on se dit qu’on pense avoir compris… mais est-ce vraiment ce que Catriona Ward voulait nous faire comprendre ?

Si la lecture peut se révéler parfois ardue et déroutante, on ne peut qu’admirer la manière dont Catriona Ward manie l’art du suspense et met l’accent, au gré des différents récits, sur le pouvoir des mots, de l’écriture, des livres.


Fiche technique

Format : broché ‏
Pages : ‎400
Éditeur ‏: Sonatine
Sortie : 7 mars 2024
Prix : 23 €