Sing me to sleep – Avis +

Éditeur ‏: ‎Rageot

roman de Gabi Burton

Présentation de l’éditeur

Saoirse est une sirène. Une créature sublime aux pulsions meurtrières, un être dont l’existence même est illégale. Pourtant, pour protéger sa sœur d’un terrible chantage, la jeune femme doit se rapprocher du danger. Elle entre au service de la famille royale, qui déteste tout ce qu’elle représente.

Désormais garde du corps du séduisant prince héritier du royaume de Keirdre, Saoirse a de plus en plus de mal à cacher son identité. D’autant qu’elle est chargée d’arrêter un assassin sanguinaire qui sévit en ville… autrement dit, elle-même.

Avis de Valérie

Dès les premières pages, on comprend que ni Saoirse ni l’autrice ne plaisantent. Notre héroïne n’a que 17 ans, mais c’est une tueuse sans scrupules. Particulièrement puissante, elle est une sirène, la seule de son espèce encore vivante à Keirdre. Comme il s’agit d’une espèce proscrite, elle se cache grâce à la magie des sorcières et se fait passer pour une fae sans affinité avec l’un des éléments, une laissée-pour-compte, somme toute.

Si elle a toujours dû cacher ce qu’elle est, elle s’y tient surtout pour protéger Bruine, sa petite sœur. Toutes les deux sont des orphelines adoptées par un couple de meuniers faes bienveillants. Saoirse s’est engagée très jeune à l’école militaire afin d’obtenir un poste qui permettra de gagner de l’argent pour protéger la particularité de Bruine. Elle a également accepté d’exécuter des cibles qu’un mystérieux employeur désigne. Sans compter la rémunération, ces meurtres lui permettent de répondre à l’appel de l’eau qui la pousse à tuer.

Dans ce royaume où les faes sont tout-puissants, les deux races restantes sont à peine tolérées. Les sorcières bénéficient de quelques avantages, car elles sont douées de certains pouvoirs et ont la faculté de forger des objets magiques, utiles à tous. Mais les simples humains sont traités comme des esclaves, corvéables à merci, dispensables sans souci.

Nous sommes plongés dans un univers de fantasy qui a été repensé par l’incroyable Gabi Burton. Tout d’abord, car elle a modifié les critères raciaux habituels de la faerie anglo-saxonne, sans pour autant être un token arriviste. Les héros ont une peau foncée, la couverture américaine est sans équivoque, ce qui n’est pas le cas en France1. Puis, sans trahir l’essence de l’univers fantastique à laquelle elle se rattache, elle l’a réinventé brillamment, avec une belle ampleur. C’est totalement bluffant !

Ce qui ne gâche rien, Gabi Burton possède une merveilleuse plume poétique, mais extrêmement rigoureuse. On passe d’une page à l’autre sous le charme de l’excellence de l’intrigue, d’une psychologie des personnages qui se tient tout du long et qui est fouillée et intelligente. Et l’on est amoureux de ce merveilleux élégant, tissé de gravité et porteur de réels enjeux.

Sing me to sleep est une pépite comme on en voit peu, il ne faut surtout pas passer à côté !


  1. Ce n’est plus mal, car cela permet une plus grande ouverture pour ce texte de qualité sans le restreindre à une posture, d’autant que nous n’avons pas les mêmes codes socio-culturels avec les Etats-Unis. ↩︎

Fiche technique

Format : broché
Pages‏ : ‎608
Éditeur ‏: ‎Rageot
Sortie : 15 mai 2024
Prix : 22,90 €