Conférence avec Jane Kaczmarek et Michael Malarkey

C’est un duo de prime abord improbable qui se présente sur la scène de conférences de la 35e édition de Paris Manga ce samedi 16 mars. D’un côté, Jane Kaczmarek, actrice américaine célèbre pour son interprétation de Lois, la mère de famille dans la série Malcolm, qui reste inchangée depuis le tournage de la série culte à l’exception de ses cheveux devenus blancs. De l’autre côté, l’acteur américano-britannique Michael Malarkey, connu pour son rôle dans une série d’un tout autre registre que Malcolm, c’est-à-dire Vampire Diaries. Cependant, durant la conférence, les deux acteurs ont fait preuve d’une surprenante complicité, et le public n’a pas hésité à leur adresser des questions à tous les deux plutôt qu’individuellement. Retour sur ces 40 minutes au cœur de la première journée du Salon. 

Quelques questions pour Michael Malarkey

Dans la salle, les fans de Vampire Diaries sont les premiers à se bousculer pour adresser une question à l’acteur Michael Malarkey, qui a incarné le rôle du vampire Lorenzo St. John, dit simplement Enzo, de la saison 5 jusqu’à la huitième et dernière saison de la série. Il lui est demandé s’il a regardé tous les 171 épisodes de la série dans laquelle il a joué, l’acteur admet avec honnêteté que non, car « quand on travaille dans le milieu de la télévision, on a tendance à ne plus regarder la télévision« . Quant à son personnage préféré dans Vampire Diaries, Michael répond Bonnie Bennett, une sorcière, car citer son propre personnage ne serait pas « très humble », bien que ce soit la réponse qu’il aimerait donner. En effet, pour lui, investir autant de lui-même dans un personnage crée nécessairement un attachement particulier à celui-ci.

Questions-réponses avec Jane Kaczmarek

L’actrice n’est évidemment pas mise de côté durant cette conférence qui conjugue Malcolm, la série dont elle est la star, et Vampire Diaries. Jane Kaczmarek commence par rebondir avec humour sur la question posée à Michael Malarkey quelques minutes plus tôt en annonçant fièrement que, contrairement à lui, elle a visionné l’intégralité des épisodes de sa propre série, au nombre de 151, soit presque autant que Vampire Diaries.

Elle poursuit en répondant à la question posée par une personne dans le public, qui lui demande quel est son épisode préféré de Malcolm. Pour Jane, c’est sans aucun doute le dernier épisode de la saison 2 intitulé Souvenirs, souvenirs, qui revient sur la naissance des quatre garçons de la fratrie sous forme de flashbacks, épisode qu’elle trouve particulièrement drôle.

Toujours au sujet de Malcolm, quelqu’un lui demande qui, selon elle, était le plus fidèle à son personnage dans la vraie vie. Jane cite immédiatement Frankie Muniz, qui joue le rôle-titre. Selon Jane, Frankie, âgé de 14 ans au début du tournage mais paraissant pourtant bien plus jeune, était « gentil et très intelligent« , tout comme le personnage qu’il incarnait. L’actrice évoque tout de même le fait que Christopher Masterson, tout comme son personnage Francis, l’aîné de la fratrie, avait un côté un peu espiègle.

En parlant de ses enfants à l’écran, quelqu’un demande à Jane Kaczmarek si elle serait capable de supporter un fils tel que Reese, le cadet, dans la vraie vie. Elle rigole immédiatement en affirmant, à la surprise de tous, que probablement. Car, même si Reese se comporte mal, il n’est jamais assez intelligent pour ne pas se faire prendre la main dans le sac, ce qui « fait de la peine » à l’actrice et suscite inévitablement sa compassion.

En véritable maman qui sait voir le positif en tous ses enfants – même fictifs – Jane Kaczmarek souligne également que, dans la série, Reese est très bon cuisinier, ce qui serait aussi un atout dans la vraie vie. Il lui est ensuite demandé si elle est toujours en contact avec les acteurs de Malcolm, Jane répond avec tact que oui, dans la mesure où ceux-ci « sont toujours en vie » – ce qui, elle le précise, n’implique pas qu’elle a tué qui que ce soit ! Elle nous apprend d’ailleurs qu’Erik Per Sullivan, l’interprète de l’adorable Dewey, aujourd’hui âgé de 32 ans, est un brillant étudiant en littérature victorienne. En concluant sur le sujet de la série qui l’a fait connaître, l’actrice dit être très heureuse de savoir que Malcolm est diffusé en quasi-continu depuis plus de 20 ans, y compris en France où la série est devenue culte. 

Car bien que Jane Kaczmarek soit principalement connue pour son rôle dans ladite série culte, elle a évidemment joué dans d’autres films et séries, et a également fait du doublage, notamment dans la VO des Simpson, dans laquelle elle prête sa voix au juge Constance. Au sujet de cette expérience, l’actrice affirme que le doublage était un travail très différent de ce à quoi elle était habituée, particulièrement car elle se retrouvait seule face à un écran, et non pas entourée d’autres acteurs et actrices comme sur un plateau de tournage. Cependant, cela reste une expérience qu’elle a apprécié, et elle n’hésiterait pas à refaire du doublage si l’opportunité se présentait.

Une question, deux acteurs

Certaines des questions du public s’adressaient non pas à un des deux acteurs, mais bien simultanément aux deux, malgré leurs carrières et leurs rôles très différents. La première de ces questions concernait le rôle qu’ils auraient aimé interpréter dans leurs séries respectives s’ils avaient pu en choisir un autre que le leur. Sans trop hésiter, Michael Malarkay dit qu’il aurait aimé pouvoir jouer le rôle d’Elena, le personnage principal féminin de Vampire Diaries, qui est au cœur même du triangle amoureux de la série. Il mentionne également un des autres rôles principaux, celui de Stefan, qui participe à ce triangle amoureux, car celui-ci lui aurait permis de jouer un personnage intervenant dès la première saison de la série (contrairement au sien, qui n’apparaît que dans la cinquième saison), ce qui lui aurait donné l’opportunité de participer aux fondations de la série et de contribuer directement à la création du lien avec le public.

De son côté, Jane Kaczmarek affirme – elle aussi sans hésitation – qu’elle aurait choisi de jouer la mère de son personnage qui, à l’image de l’actrice qui l’interprétait (malheureusement décédée aujourd’hui), était un « esprit libre » qui disait et faisait absolument tout ce qu’elle voulait, y compris uriner dans une bassine en plein milieu du plateau de tournage plutôt que d’utiliser les toilettes, une anecdote plus que surprenante et surtout confidentielle…

S’adressant toujours aux deux acteurs, une personne du public demande, dans le cas où ils ne pourraient conserver qu’un seul souvenir de leur carrière, quel souvenir les deux acteurs choisiraient de conserver ; une question qui a suscité un beau moment de partage, après quelques instants de réflexion intense de la part des deux acteurs sur scène. Jane Kaczmarek commence en se remémorant le tournage de Falling in Love (1984), alors qu’elle sortait tout juste de l’école d’art dramatique.

Dans ce film, elle jouait l’épouse d’un homme interprété par l’acteur Robert de Niro, qui la trompait avec une femme incarnée par l’actrice Meryl Streep. Jane se souvient avoir été émerveillée par le talent de Meryl Streep, et se rappelle également d’elle comme quelqu’un qui la soutenait, la complimentait, et l’encourageait. Plus particulièrement, Jane se rappelle que le film devait à l’origine contenir une scène où son personnage giflait celui de Robert de Niro, mais ce dernier avait refusé. Cependant, à l’époque, Meryl Streep avait défendu Jane Kaczmarek et son personnage en disant haut et fort que sans la scène de la gifle, le personnage perdait tout son sens.

L’équipe de tournage est alors revenue sur sa décision et ainsi la scène où le personnage de Jane Kaczmarek gifle celui de Robert de Niro a été tournée puis retenue pour la version finale du film, le tout en grande partie grâce au soutien immense de Meryl Streep envers Jane, chose que cette dernière ne voudrait pour rien au monde oublier.

Quant à lui, Michael Malarkay dit qu’il aimerait conserver pour toujours le souvenir de l’annonce d’une des plus belles opportunités de sa carrière, souvenir qui lui donne des frissons encore aujourd’hui. En 2009, Michael interprète un des rôles principaux dans deux pièces jouées conjointement dans la ville de Northampton au Royaume-Uni, Beyond the Horizon/Spring Storm.

Après avoir joué les deux pièces pour la toute dernière fois à Northampton, le comédien part en « voyage de noces avec [sa] femme« . Entres parenthèses, il dit détester l’utilisation du pronom possessif devant le nom « femme » puisqu’elle ne lui appartient pas, mais Jane ajoute avec beaucoup d’humour qu’il vaut mieux qu’il parte en voyage de noces avec sa femme plutôt que celle d’un autre. Rires dans la salle, puis Michael poursuit.

Durant son voyage de noces, un moment pourtant déjà idyllique, il reçoit un appel lui annonçant que les pièces dans lesquelles il jouait à Northampton allaient être reprises et transférées au National Theater de Londres, une véritable institution dans le monde du théâtre britannique, le tout en conservant les mêmes comédiens, dont lui bien sûr, ce qui est un cas particulièrement rare qui suscite alors la surprise de Jane Kaczmarek sur scène à côté de lui.

C’était alors un rêve qui devenait réalité pour Michael, qui avait grandi aux États-Unis mais s’était installé à Londres justement dans le but de réaliser des études d’art dramatique et de peut-être un jour monter sur une des plus grandes scènes de la capitale britannique. De belles histoires, donc, qui donnent au public envie de rêver un peu aussi, et qui ne peuvent que susciter d’autant plus d’admiration, aussi bien pour Michael Malarkay que Jane Kackzmarek.