Le Temps d’aimer – Avis +/-

film français de Katell Quillévéré (2023)

Présentation officielle

1947.
Sur une plage bretonne, Madeleine, serveuse dans un restaurant-hôtel  » Beaurivage » et mère d’ un petit Daniel, rencontre François, éternel étudiant et plutôt fortuné.
Tout semble annoncer une belle histoire, mais le passé et la réalité auront des conséquences sur leur avenir.

Avis de Pascale

Madeleine porte la honte en elle, comme elle a porté Daniel, enfant d’un officier allemand, conçu en pleine Occupation. Tondue à la Libération, rejetée par les siens, elle travaille dur et semble agir en automate avec son fils, davantage préoccupée d’assurer son quotidien que d’entretenir un lien maternel avec lui.

François est cultivé, brillant et étudie l’archéologie. Est-ce la beauté et ou la fragilité et le courage de Madeleine qui l’attirent ? Ensemble, ils vont tenter de créer une famille toute neuve, comme amputée du passé. Mais, au fil de l’action, on découvre que ce qui les relie, ce sont plus sûrement la honte, les mensonges, même la peur, que le désir de construire.

La trame de cette histoire ferait un peu penser au film Loin du paradis de Todd Haynes , qui évoque dans les années 50 l’interdit de l’homosexualité sur fond d’ apparences sociales et familiales ou à la si émouvante réalisation de Claude Goretta, La Dentellière, avec le personnage de Pomme, pour le thème du décalage social au sein du couple, entre une coiffeuse idéaliste et simple et un étudiant qui entend la formater à ses goûts et ses choix. Comme François, parfois, avec Madeleine.

Dans le propos de la cinéaste, il semblerait qu’il puisse y avoir une sensation de déjà-vu et des thèmes bien rebattus autour de la honte, du mensonge, de la quête d’identité, de celle du père. On voudrait s’émouvoir sur ces époux qui se cherchent sans apparemment se trouver, car on y ressent ici une errance qui, elle, leur est commune.

On note un certain anachronisme quant à la manière de réagir de ce couple, entre 1947 et les années 70, leur façon de s’exprimer.

Anaïs Demoustier sort son épingle du jeu, dans la vivacité et la sensibilité. Les images, parfois aux couleurs contrastées, sont belles. Et on aimerait sûrement déjeuner au restaurant Beaurivage face à une mer peut-être déchaînée, tout comme l’est la vie de Madeleine et François.

La jeune génération découvrira aussi, éventuellement, ce que de prétendus résistants faisaient subir aux femmes qui avaient  » fauté » avec l’occupant. Mais ce ne sera sans doute pas LE film de cette fin d’année 2023.


Fiche technique

Sortie : 29 novembre 2023
Durée : 125 minutes
Genre : drame romantique
Avec Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste, Paul Beaurepaire