Pater Noster – Avis +/-

Editeur : L’Homme Sans Nom

roman de Julia Richard

Présentation de l’éditeur

Pour Dana, jeune femme issue d’un milieu modeste, Basil Paternoster a tout du compagnon idéal : séduisant, éloquent et de bonne famille. Mais lorsque vient la rencontre avec les beaux-parents, dans leur vaste propriété de campagne lors d’un été caniculaire, les choses s’engagent mal.

Ballotée entre les apéritifs qui n’en finissent pas, les traditions qui lui sont étrangères, et les échos de sombres secrets de famille, Dana doute. A-t-elle vraiment envie de faire partie de ce clan ?

Alors que ses idéaux se brisent et la réalité la rattrape, c’est tout son équilibre qui chavire. Et, si le bonheur n’était qu’un piège bien cruel ?

Avis de Chris

Après plusieurs échecs amoureux, Dana trouve enfin son âme-sœur dans les bras de Basil, un séduisant et intelligent avocat. Au bout de six mois de relation, le couple s’évade, loin du stress parisien, pour deux semaines de vacances dans le sud de la France, chez les parents de Basil. La jeune femme a du mal à se conformer aux règles et aux traditions bourgeoises de la famille Paternoster, en plus d’une déconnexion forcée par une campagne en zone blanche. Des situations absurdes et une intention de plaire à sa belle-famille vont lui faire vivre un enfer, qu’elle n’est pas près d’oublier.

La lecture de cet ouvrage laisse un sentiment mitigé. Lorsque la dernière page est tournée, il n’est pas aisé d’en sortir satisfait. Tout dépendra de la manière dont vous avez suivi Pater Noster. Dana est bien évidemment la clé de cette fiction, écrite à la première personne du singulier. Soit, vous appréhenderez cette ascension sociale avec elle, soit vous n’aurez de cesse de pester contre elle.

De notre côté, cela a été difficilement soutenable de la suivre sans vouloir la secouer pour la raisonner. Le fait qu’elle accepte tout, sans broncher, est rageant. Le pire, c’est qu’elle sait pertinemment ce qu’elle fait et les conséquences qui vont de pair. Pourtant, à chaque fois, elle plonge tête baissée dans les affres des traditions, manipulations et des humiliations, et tout ça par amour pour Basil ? Pas tout à fait, puisque c’est avant tout pour faire partie d’une famille d’un milieu aisé, elle qui a vécu en HLM avec sa mère, mais sans père.

Ainsi, dans Pater Noster, l’amour est toxique et malsain, accentué par les différences sociales entre les deux mondes diamétralement opposés. Peut-on réellement vendre son âme, se trahir, pour un soi-disant meilleur avenir et un confort matériel plus palpable ? Dana est pourtant loin d’être à plaindre : elle travaille à La Défense, vit à Paris et à même un chat. Une femme tout ce qu’il y a de plus indépendante ! On ne peut pas dire qu’elle soit le cliché de la banlieusarde, sans travail, vivant en HLM. Sa mère oui, mais pas elle. Difficile donc d’être de son côté dans bien des situations et de compatir à sa souffrance. Et pourtant, on a eu un espoir, étouffé dans l’œuf en quelques pages…

Dans tous les cas, on ne peut rester insensible après cette lecture, d’autant plus que le style d’écriture de Julia Richard est singulier. Au présent, le vocabulaire manque de richesse, sans doute pour accentuer le fait que Dana n’a pas la culture suffisante pour s’exprimer autrement qu’avec un langage simple, presque oral. Si parfois cette manière d’écrire peut faire grincer des dents, il reste cohérent avec l’intégralité du roman et nous ancre plus aisément dans les pensées et l’univers de la jeune femme.

Même si cet ouvrage part d’un postulat réel, celui de certaines femmes qui se taisent et qui acceptent n’importe quoi pour accéder à une « vie meilleure », pétri dans un patriarcat nauséabond, Pater Noster est loin d’être un récit qui fera l’unanimité. Au moins, il a le mérite d’être jusqu’au boutisme. A vous, lecteur, d’envisager une approche qui sera la vôtre, celle qui fera écho ou non à votre vécu.


Fiche technique

Format : broché ‏
Pages : ‎254
Éditeur ‏: ‎L’Homme Sans Nom
Sortie : 12 mai 2023
Prix : 21,90 €