Matrices – Avis +

Editeur : Pocket

roman de Céline Denjean

Présentation de l’éditeur

Jusqu’où la folie humaine est-elle prête à tendre pour assouvir un désir d’enfant ?
Le nouveau thriller de Céline Denjean.

En plein mois de décembre, une terrible tempête se déchaîne sur les Pyrénées. Sous la pluie battante, une jeune femme enceinte qui court à perdre haleine est percutée par une camionnette. Avant de mourir, elle murmure quelques mots en anglais :  » Save the others. « 

Qui est cette femme sans identité ? Que cherchait-elle à fuir ? Que signifie la marque étrange sur son épaule ? Et qui sont ces autres qu’il faudrait sauver ?

Les gendarmes Louise Caumont et Violaine Menou se lancent alors dans une enquête hors-norme. Au fil de leurs investigations se dessine la piste d’un trafic extrêmement organisé. Dès lors, les enquêtrices comprennent que l’horloge tourne pour d’autres femmes, sans doute prisonnières quelque part, et dont la vie ne tient plus qu’à un fil.

Avis de Thérèse

C’est une nouvelle équipe d’enquêteurs que nous présente Céline Denjean dans Matrices, celle de Louise Caumont, accompagnée de Violaine Menou et Thierry Saint-Orens, de la Brigade de Recherches de Tarbes. Et ces enquêteurs sont tout autant au cœur de l’intrigue que la piste sordide sur laquelle ils vont se lancer.

Au cœur d’une tempête, sur une route des Pyrénées, le conducteur d’une camionnette percute une jeune femme surgie en courant au milieu de la route. La voiture qui emboutit la camionnette quelques minutes après est celle d’un médecin qui essaie de porter secours à la victime, en vain. Avant de mourir, elle murmure « Escape from the car, save the others« . Elle était très jeune, africaine, enceinte de huit mois, portant une marque au fer rouge à l’épaule et sans rien pour l’identifier…

Pour découvrir son identité, comprendre d’où elle venait et qui sont ces « autres » à sauver, les gendarmes Louise et Violaine se tournent vers les professionnels de santé prénatale, sans succès. Mais l’autopsie révèle que la victime n’était pas la mère biologique de l’enfant qu’elle portait, ce qui oriente les enquêteurs vers un trafic de mères porteuses, un réseau de GPA illégales puisqu’interdites en France.

Pendant ce temps, au Nigéria, Obi, une jeune fille de vingt ans vendue par sa tante à une organisation mafieuse, découvre qu’elle se trouve dans une ferme à bébés où des jeunes filles sont violées jusqu’à tomber enceintes afin de vendre ensuite les enfants à des couples aisés en mal d’adoption. Obi a la « chance » d’être sélectionnée pour être la mère porteuse d’un couple français, on lui promet la liberté en France après son accouchement.

Céline Denjean nous plonge dans l’univers glaçant d’un sordide trafic d’êtres humains, où de jeunes Nigérianes sont utilisées comme matrices dans des fermes à bébés et pour des GPA sauvages, prêtées pour des tournages de films X, vendues à des proxénètes en France. Si elle connaissait déjà fort bien le milieu et le travail des forces de l’ordre pour ces romans précédents, elle a mené pour Matrices un travail de documentation approfondi et parfaitement maîtrisé sur un sujet si sombre qu’on ne peut pas lâcher le livre, pris par l’intrigue, tout en ayant le sentiment qu’il serait bien plus confortable de ne pas en savoir autant.

Le sujet est abominable mais passionnant, le récit est rythmé par des chapitres courts et rapides, les enquêteurs ont une existence en dehors de la gendarmerie, et l’enquête réveille le traumatisme qui empêche depuis toujours la gendarme Louise Caumont de mener une vie sociale, sentimentale ou amicale.

On peut juste regretter que certains méchants de l’histoire soient si méchants qu’ils semblent parfois caricaturaux, ou que les gendarmes ne s’interrogent pas à un moment sur la véracité d’un témoignage pourtant primordial.


Fiche technique

Format : poche
Pages : 496
Éditeur ‏ : ‎ Pocket
Sortie : 23 février 2023
Prix : 9,50 €