Sur les rails – Avis +/-

Editeur : Pocket

roman de Julien Hervieux

Présentation de l’éditeur

Bienvenue dans les entrailles du marché souterrain. Pour quelques millions d’euros, combien d’années seriez-vous prêt à passer en prison ? Sam Ramiro, lui, a tranché. Pour cet ancien directeur marketing, la cocaïne n’est qu’un marché comme un autre. Et l’illégalité ne lui fait pas peur. Malik, pour sa part, est plus circonspect. Bien que récemment mis sur la touche, le petit dealer connaît bien la cité. Et ce « babtou » en costume-cravate veut lui apprendre son trafic, business plan à l’appui ? Packaging, storytelling…

Avis de Chris

Quand Malik sort de prison, son réseau et son business de cannabis sont partis en fumée, repris par son ancien pote. Endetté jusqu’au cou et ne sachant pas comment rembourser ses créanciers, il va devoir accepter une bien étrange alliance. Fini le cannabis, une drogue dont la concurrence est rude ! Place à la cocaïne, mets prisé par la haute bourgeoisie, bien loin de ses standards habituels. Pour réaliser le coup du siècle, il lui faudra l’aide d’un homme, un « babtou » comme il le surnomme, pour qui la délinquance en col blanc n’a plus de secret.

Déchu par la société de consommation, Sam est amer vis-à-vis de l’entreprise dans laquelle il était directeur marketing. On lui a collé un procès de harcèlement sexuel sur le dos pour l’évincer à moindre coût. Acquitté, mais grillé, il s’intéresse dorénavant à un tout autre business, encore plus lucratif. Après tout, la cocaïne est un produit comme un autre qui se markette et qui se vend de la même manière qu’un smartphone haut de gamme !

Sur les rails est un titre cynique et sarcastique, mais gavé de clichés qui peuvent faire grincer des dents. Aucun des deux protagonistes ne semble ouvrir les yeux sur l’un ou sur l’autre, et finalement, Malik est le plus attachant des deux personnages. Sans doute parce qu’il semble plus humain, avec des valeurs qui lui sont propres et qu’il tente de garder en tête à chaque décision prise.

En revanche, Sam n’est que mépris sur tout et semble avoir beaucoup de rancune envers le monde entier. Il montre tellement peu d’humanité envers ses proches et la société qu’il se délecte même des faiblesses des lois, des administrations et tout simplement des gens. Il vient d’un milieu à l’opposé de celui de Malik, mais il aurait pu être autre chose que le connard que la société voit en lui.

Même si l’auteur veut démontrer par cette histoire que tous les règlements peuvent être détournés légalement quand on connaît bien le droit, les lois et la société elle-même, le roman manque de subtilité et met un peu trop les pieds dans le plat. Certes quelques passages, notamment ceux où l’on suit directement les protagonistes à travers leurs pensées, pourront faire réfléchir certains sur leur consommation – pas spécialement de drogue, mais c’est trop caricatural pour plonger entièrement dans ce roman.

Une chose est certaine, c’est que tout peut être vendu grâce au marketing et à la crédulité des gens, mais cela on le savait déjà. Un peu plus de nuance aurait été agréable, qu’il s’agisse des situations décrites ou des personnages. Malgré les défauts de ce roman, Hervieux a une écriture fluide et rentre-dedans qui dynamise le récit. On ne peut pas nier l’évidence, il se lit d’une traite. Les parties où l’on suit les pensées des deux protagonistes principaux sont les plus intéressants. Sans celles-ci, nous aurions eu du mal à nous attacher, ne serait-ce qu’à Malik.

Pour conclure, on laisse bien évidemment planer le doute sur la réussite ou l’échec de cette entreprise qui se joue des failles de la société.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 288
Éditeur ‏: ‎Pocket
Sortie : 12 janvier 2023
Prix : 7,70 €