La Chambre des officiers – Avis +

Présentation officielle

Le lent retour à la vie d’hommes qui doivent tout réapprendre,
et surtout le regard des autres.

1914. Aux premiers jours de la guerre, un éclat d’obus défigure Adrien. Le voilà devenu une «gueule cassée», reclus au Val-de-Grâce, dans une chambre réservée aux officiers.

Adrien restera cinq ans dans cette pièce sans miroir. Cinq ans pour réapprendre à vivre au rythme des opérations. Cinq ans entre parenthèses à nouer des amitiés d’une vie avec ses compagnons d’infortune. Cinq ans de «reconstruction» pour se préparer à l’avenir. Cinq ans à penser à Clémence qui l’a connu avec sa gueule d’ange…

Avis de Chris

En 1914, Adrien reçoit un éclat d’obus au visage, le défigurant à vie. Il est retrouvé au bout de deux jours et le corps médical a peu d’espoir quant à son rétablissement. Et pourtant, durant les cinq années de souffrance et de chirurgies réparatrices expérimentales, la première gueule cassée raconte son histoire. Celle d’un homme qui n’a même pas eu le temps de commencer la guerre qu’elle l’a fauché à vingt ans à peine.

Dissimulé à la vue de tous au Val-de-Grâce, un hôpital militaire qui aura accueilli tout au long de la Première Guerre mondiale des centaines de gueules cassées, Adrien tente de se reconstruire physiquement, mais surtout psychologiquement. D’autant plus que chaque nuit, il revoit le visage de Clémence, cette femme avec qui il a eu une relation d’une nuit passionnée, juste avant de partir au front. Adrien n’a plus qu’un espoir : la retrouver.

La chambre des officiers est une bande-dessinée coup de poing. Elle nous présente des officiers brisés par la guerre, qui doivent se reconstruire dans une chambre pleine de désespoir et de profonde solitude. Rapidement, le lecteur entre dans le vif du sujet. L’intensité des émotions dépeintes par Alain Grand nous bouleverse tout au long de la lecture de ce pan d’une Histoire pas si lointaine que ça. Par ailleurs, les cases nous dévoilent des êtres défigurés et rejetés par une société qui a honte et peur de ces gueules cassées.

C’est avant tout cette reconstruction et ce lien indéfectible entre ces victimes qui sont décrits dans La Chambre des officiers. L’amitié, au delà des sexes et des blessures, y est primordiale, même si insuffisante pour certains. Le regard de l’autre devient alors une épreuve insurmontable pour ces hommes qui se rétablissent petit à petit et rêvent d’une vie de famille ou d’aventure pleine de gloire. Le choc est d’autant plus insupportable lorsque le reflet d’une vitre se transforme en miroir… Ou pire, quand un haut gradé est incapable d’ouvrir les yeux face à ces hommes érigés en héros de guerre.

Il n’y a pas de méchants ou de gentils ici. La guerre ravage les âmes et les corps, et cette bande dessinée en est la preuve. Avec un scénario doux et amer de Philippe Charlot, cette histoire vraie doit figurer dans tous les CDI des collèges et lycées afin que nos têtes blondes voient les conséquences des guerres, avec l’espoir vain que cesse un jour tous les conflits.

Fiche technique

Format : cartonné
Pages : 72
Éditeur : Grand Angle
Sortie : 1 mars 2023
Prix : 16,90 €