Les Nouveaux nomades – Avis +

Présentation de l’éditeur

Dans notre conscience collective, le terme « migration’ évoque presque exclusivement l’immigration : celle de l’ère postcoloniale, celle des pauvres hères que nous croisons aux feux rouges et dont nous avons peur, ou celle des réfugiés africains ou orientaux qui fuient « leur pays’ sur des embarcations de fortune pour, selon nos sensibilités politiques, envahir  » le nôtre  » ou y trouver refuge.

Nous nous trompons.

Loin d’être anormal, l’acte de quitter le confort ou la dureté du familier est un acte fondateur de l’expérience humaine. Tant que l’on n’est pas parti, on ne sait pas vraiment qui l’on est. La démarche permet de s’émanciper et de croître, d’apprendre d’où l’on vient et ce vers quoi l’on veut tendre.

Notre conception moderne du nomadisme, axée sur la mobilité, est une caricature. Le nomade ne peut pas être défini par son seul mouvement mais par son rapport au lieu, à son écosystème, à la nature, à sa communauté, aux autres et à lui-même.

Quelque chose de fondamental s’est brisé en nous lorsque nous sommes passés d’une espèce massivement nomade à une espèce massivement sédentaire. Ce quelque chose est en train de nous dévorer.

Saisir la dimension universelle, pluriverselle et épique de la migration, c’est comprendre que si  » guerre des civilisations  » il y a, ce n’est pas celle décrite par ceux qui voudraient en découdre mais la redite d’un conflit ancestral qui opposait déjà Caïn, le fratricide paysan sédentaire, à Abel, le berger nomade. C’est prendre conscience que nos instincts nomades et sédentaires sont non seulement réconciliables mais qu’en choisissant de ne pas les réconcilier nous courrons au suicide.

Après des millénaires de sédentarisation, la crise existentielle que traverse l’humanité appelle à l’émergence d’une nouvelle métaphysique du mouvement, rendue plus urgente que jamais à l’heure du bouleversement climatique.

Derrière la réflexion à laquelle nous convie Félix Marquardt, c’est une véritable éthique du nomadisme, basée sur l’ouverture à l’Altérité, qui se dessine.

Avis de Olivier

À mi-chemin entre une autobiographie et une analyse sociologique, ce livre nous offre une série de portraits de nomades ; des femmes et des hommes attachants, venant des quatre coins du monde et vivant aux quatre coins du monde. L’auteur nous propose d’entrer dans le sujet de sa thèse : le nomadisme est une richesse !

Changer de pays, pour un voyage, et surtout pour vivre quelques années « ailleurs », nous change et nous apprend des qualités essentielles. Apprendre à tisser des relations avec des personnes d’autres cultures est un art qui ne s’apprend pas à l’école et c’est un art indispensable pour notre société d’aujourd’hui.

Félix Marquardt s’étonne à juste titre de la différence de traitement médiatique (et politique) de l’émigration et de l’immigration, ne sont-ils pas les deux faces d’une même pièce ? Quand on pense aux énormes moyens techniques mis en place pour comptabiliser les « entrants », comment ne pas s’étonner de l’absence de chiffres des « sortants » ? Peut-on vraiment pérorer sur les motivations des migrants si on ne parle pas des raisons des départs ?

Inutile de faire de grands discours sur l’accueil, si on ne se mouille pas dans des relations vraies. Inutile de traiter les réfugiés de dangereux ou de démunis, si on n’apprend pas à admirer leur courage de tout quitter.

Un livre qui se lit tout seul, comme un article de journal. Mais on avoue avoir décroché en cours de lecture, un article de plus de 300 pages, ça finit par être lassant. Et les trop nombreuses fautes de frappe ou imprécisions de traduction agacent à la longues (comme par exemple utiliser ‘carte d’identité’ et ‘titre de séjour’ de manière interchangeable, gênant dans ce contexte).

Fiche technique

Format : broché
Pages : ‎333
Éditeur ‏: ‎Le Passeur
Sortie : 13 janvier 2022
Prix : 18 €