Il est 15h30 et nous sommes toujours vivants – Avis +


Devant mon immeuble, j’ai rencontré Kirill, une figure du milieu de la nuit à Kiev. C’est devenu difficile de faire confiance aux autres, m’a-t-il dit. Tout à coup, on se rend compte qu’ils peuvent balancer des bombes sur les gens, et penser en plus qu’ils ont raison de le faire.

Le jeudi 24 février 2022, quand Evgenia Belorusets s’est réveillée, elle a découvert sur son téléphone portable la trace de huit appels manqués. Lorsqu’elle a appelé sa cousine, celle-ci lui a juste dit : Kiev a été bombardée. Une guerre a éclaté. C’était le premier jour…

Le lendemain, elle s’est réveillée au son des sirènes prévenant que des bombardements allaient avoir lieu. Sa mère est confiante. Leur maison est située près de la cathédrale Sainte-Sophie et la Russie ne se risquerait pas à la toucher. Evgenia quant à elle pense que si une inscription au patrimoine de l’Unesco pouvait effectivement dissuader l’armée russe de tirer sur un monument, cette guerre n’aurait même pas débuté.

Le sixième jour, la Russie a annoncé qu’elle allait bombarder les environs de la cathédrale Sainte-Sophie (pas la cathédrale elle-même, mais un bâtiment des services secrets situé à proximité). Dès le début de la guerre Evgenia Belorusets, photographe et écrivaine, a tenu un journal de guerre écrit et visuel. Elle nous relate la vie des habitants ukrainiens entre deux alertes aériennes.

Par exemple, les récits évoquent la mort d’employés du zoo survenue lorsqu’ils ont essayé de nourrir les animaux, tandis que la vie culturelle subsiste (ainsi l’artiste Nikita Kadan organise-t-elle une exposition dans une galerie en sous-sol).

Parallèlement, les photographies nous montrent des scènes inattendues : par exemple les employés municipaux recouvrant les plans touristiques de Kiev à la peinture aérosol. Le but est d’empêcher les saboteurs russes de se repérer dans la ville. On dit qu’il leur arrive souvent fautes de smartphone, de se perdre dans les rues.

Entre drames et espoir, ce témoignage nous renseigne sur les événements, mais aussi sur l’état d’esprit des Ukrainiens :

On prédit la fin de la guerre comme si on présentait la météo, des experts s’expriment dans les journaux, d’autres tiennent de longs monologues en rassurant dans des vidéos.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 256
Auteur : Evgenia Belorusets
Traduction : Olivier Mannoni et Françoise Mancip-Renaudie
Editeur : Christian Bourgois
Sortie : 7 mai 2022
Prix : 18 €