Présentation officielle
Intelligent, athlétique et populaire, Connell est troublé par Marianne, une camarade intimidante, solitaire et non moins intelligente. Les premiers émois nés à l’abri du regard des autres survivront-ils à la lumière ?
Avis de Claire
Marianne est la rebelle du lycée. Brillante en classe, insolente avec les profs, indifférente aux autres élèves, elle est tout sauf populaire. Connell, au contraire, est le garçon le plus apprécié, et convoité par les jeunes filles qui veulent lui plaire, les garçons qui cherchent son amitié et même une enseignante qui ne se gêne pas pour lui faire du rentre-dedans. Présenté ainsi, on n’est pas loin du cliché, alors que pas du tout. Tout est question de nuances, de sensibilité, de ce qui se devine dans les non-dits.
Ces deux adolescents ne pourraient pas être plus opposés l’un de l’autre, et comme chacun sait les contraires s’attirent. Quand Marianne ose avouer à Connell qu’elle l’aime bien, un trouble le saisit, la jeune fille l’intrigue, et peu à peu, le séduit. Elle n’est pas comme les autres, ne possède aucun filtre, aucune limite, mais également aucune expérience. Une liaison secrète commence alors entre eux, une bulle faite de sexe et de discussions intenses dans lesquelles ils aiment se retrouver tous les deux, à l’insu de tous.
Focus sur l’épisode 2. En ce moment, la question du consentement est au coeur de bien des débats, et nous avions envie de nous attarder un peu sur cet épisode important qui en fait son thème central. Nous sommes encore au début de la série, et la passion naissante entre Connell et Marianne voit son apogée dans une scène d’amour d’une douceur infinie. La séquence dure très exactement six minutes.
A l’instar de leurs personnages, Daisy Edgar-Jones et Paul Mescal nous émeuvent au fur et à mesure des épisodes. Ils sont constamment incroyablement justes et en phase. Quand la série prend un virage plus sombre, les rôles s’inversent et c’est Marianne qui devient une des figures du campus de Trinity, alors que Connell peine à se faire des amis. Leur aspect physique évolue, Marianne coupe progressivement ses cheveux, s’affirme dans ses choix vestimentaires, tandis que Connell reste prisonnier de son look d’éternel lycéen et perd sa confiance en lui. Marianne et Connell s’aiment, se déchirent, se font du mal, mais demeurent inexorablement attachés l’un à l’autre.
Adapté du brillant roman éponyme de Sally Rooney, paru en Irlande en 2018, l’intrigue se passe sur quatre ans, de 2011 à 2015. Pour mieux la contextualiser, il faut se souvenir que l’Irlande n’a autorisé l’avortement qu’en décembre 2018. Le sujet n’est pas évoqué frontalement, mais l’on sait que Connell est un enfant naturel, sa mère n’avait que 17 ans quand elle l’a eu. L’actrice qui joue le rôle de la mère de Connell, Sarah Greene, n’a d’ailleurs que 12 ans d’écart avec Paul Mescal, et incarne un personnage particulièrement bienveillant et équilibré. De fait, la sexualité est l’un des thèmes centraux de la série.
Normal People bouleverse à la fois par l’authenticité de son propos, l’intensité du jeu des acteurs, l’image soignée, la qualité de la bande-son (London Grammar, Keren Ann, Imogen Heaps…). C’est Sally Rooney qui a signé les scénarios pour les six premiers épisodes, et l’on y devine indéniablement « la patte de l’autrice ». Pensez à favoriser la version originale pour apprécier le délicieux accent irlandais. Inoubliable.
Fiche technique
Réalisation : Lenny Abrahamson et Hettie Macdonald
Genre : drame, romance
Avec : Daisy Edgar-Jones, Paul Mescal, Sarah Greene, India Mullen, Sebastian de Souza, Eliot Salt
Nombre de saisons : 1
Nombre d’épisodes par saison : 12
Durée d’un épisode : 30 minutes
Plateforme : Starz
Sortie : 26 avril 2020