Présentation de l’éditeur
Aucune enquête, aucun chiffre, aucun reportage ne saura nous faire prendre en haine l’esclavage contemporain comme l’image des moignons maculés de sang d’Eddie, 17 ans, conduisant sa Subaru dans la scène d’ouverture, hallucinée, de ce roman.
Il vient de s’évader de la ferme Delicious Foods, exploitation géante – et pas seulement agricole -, au cœur de la Louisiane où Darlene, sa mère, a été recrutée six ans plus tôt, comme d’autres toxicomanes. Productrice de fruits et légumes, Delicious Foods maltraite ses ouvriers et les maintient prisonniers grâce à la triple contrainte de la terreur physique, d’un endettement perpétuel à l’entreprise et d’une addiction à la drogue qui leur est continuellement fournie. Abandonné à son sort, le tout jeune Eddie fera tout pour retrouver la trace de sa mère, la rejoindre et l’aider à se libérer de ce piège.
Dans ce prodigieux roman qui a valu à Hannaham tous les honneurs Outre-Atlantique (Pen/Faulkner Prize – roman), trois voix se succèdent pour raconter la spirale infernale : une mère prisonnière, un fils révolté et puis… la drogue, pour une fois présentée sous son jour le plus troublant : elle est un bateleur, un séducteur, un amant jaloux.
Avis d’Emmanuelle
Nul ne sortira indemne de cette ferme…
L’esclavage existe encore. Sous couvert d’un lieu paradisiaque où travailler, des sans-abris, des drogués, les oubliés de la société, sont emmenés chez Delicious Food. Les photos superbes de la brochure qu’on leur a présentée sont vite remplacées par la réalité : les esclaves vont dormir dans un dortoir insalubre, installé dans une grange, surveillé par des chiens de garde.
Les esclaves devront gagner de quoi manger, se droguer, s’habiller, se laver, et peut-être même un jour de quoi partir, en enchaînant les heures au soleil pour quelques dollars, dont le cours est dicté de façon aléatoire par la direction.
Vous ne pourrez sortir de là que les pieds devant, à moins peut-être de pouvoir vous échapper… à condition de vouloir encore le faire.
Delicious Food est un roman dont on ne ressort pas indemne. On s’endurcit comme les personnages à sa lecture. Dès le premier chapitre, le ton est donné : la fin ne sera pas joyeuse.
Séquestration, racisme, torture, drogue, prostitution, etc. Rien ne leur est épargné. A l’instar de l’histoire, l’écriture est dure, la construction un peu bordélique (surtout lorsque c’est l’héroïne qui prend la parole, oui oui !), comme la vie des protagonistes, on s’en sort comme on peut.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 397
Editeur : Globe
Sortie : 26 août 2020
Prix : 22 €