Nous avons eu l’occasion d’avoir un entretien avec Eric Khoo, le réalisateur singapourien du très beau film La Saveur des ramen (sortie cinéma le 3 octobre). Voici donc ce qu’il nous dit du film !
Onirik : Lors du tournage, comment se sont déroulées les scènes où le héros, Masato (Takumi Saitoh), essaye de discuter avec des personnes ne parlant pas sa langue ? Les acteurs, avaient-ils la traduction du script ?
Eric Khoo (réalisateur) : Non. Takumi (Masato) n’avait pas la traduction de ce que l’autre personne allait lui répondre. Il avait une idée globale de la situation, mais pas de détails exacts afin d’avoir une certaine authenticité dans les échanges. Par exemple, lorsque Masato essayait de communiquer avec sa grand-mère, les deux acteurs avaient une idée générale de la situation, mais pas de traduction exacte de ce que l’autre disait.
Onirik : Le moment où Takumi découvre l’histoire de Singapour et des actes des Japonais sur ce pays est très fort. Est-ce que le musée est réel ou est-ce une expo fictive montée exprès pour le film ? Et comment Takumi Saitoh a réagi lors de cette scène ?
Eric Khoo (réalisateur) : Le musée existe et ses émotions sont vraiment véridiques. Quand on est allé tourner là-bas, Takumi a vraiment pris le temps d’écouter, de lire, d’apprendre cette histoire. Il a vraiment été très triste. Après le tournage de la scène, il est venu vers moi et m’a serré les mains. Puis il m’a dit « Désolé, je ne connaissais pas ce pan de notre Histoire ». Au Japon, les élèves n’étudient pas cela.
Onirik : Le film a-t-il déjà été projeté à Singapour et au Japon ? Avez-vous eu des retours ?
Eric Khoo (réalisateur) : Le film n’est pas encore sorti au Japon[[Le film a été projeté le 23 février 2018 au Festival du Film International de Berlin et il est sorti à Singapour le 29 mars]], il sort l’année prochaine. Nous avons tourné à Takasaki[[Petite ville située dans la préfecture de Gunma]] qui est une petite ville en dehors de Tokyo. De ce fait, nous avons reçu de l’aide d’une commission de Takasaki. Ils nous ont donné des fonds pour la réalisation du film. Eux l’ont vu et heureusement, ils ne m’ont pas tué sur place, au contraire, ils l’ont aimé. Ainsi, j’ai plutôt bon espoir pour la suite.
Onirik : L’équipe du film n’avait-elle pas envie de manger toute la nourriture du tournage ? Ça devait être dur pour eux.
Eric Khoo (réalisateur) : Si ! Mon directeur de la photographie est une personne très gourmande. Il a littéralement bavé sur tous les plats lors du tournage. Heureusement qu’à la fin, il a eu le droit de les manger.
Eric Khoo (réalisateur) : Au Japon, il y a beaucoup de variétés de ramen, et le bak kut teh[[Soupe chinoise typique de Malaisie et de Singapour, ainsi que dans les îles Riau et le sud de la Thaïlande. Il s’agit de travers de porc dans un bouillon d’herbes et d’épices.]] est son homologue à Singapour, il a beaucoup de variantes. De plus, tout comme le ramen, le bak kut teh est un plat qu’on va souvent manger après avoir (beaucoup) bu, ces plats sont vraiment liés. Nous avons donc voulu faire un mixte pour représenter notre héros, Masato, qui est lui-même à moitié japonais et à moitié singapourien.
Un de mes amis fabrique des nouilles particulières pour les ramen. Il a fait différentes recettes et essayé plein de choses pour trouver un bon compromis. Et après ça, un chef, Keisuke dans le film, qui est donc un véritable chef, l’a mis à sa carte. Ainsi dans son restaurant, il vend vraiment le ramen bak kut teh. C’est à Singapour et je vous assure que c’est vraiment bon[[Le nom du restaurant à Singapour est le Ramen Dining Keisuke Tokyo]].
Onirik : Quels sont vos plats préférés à Singapour, mais également au Japon et en France ?
Eric Khoo (réalisateur) : À Singapour il y a beaucoup de plats, mais le bak kut teh est sans conteste celui que j’aime le plus.
Au niveau du Japon, c’est plus compliqué. J’aime toute la nourriture japonaise, j’adore les tempura[[Assortiment de beignets, à la fois très savoureux et très digestes.]], les sushis et sukiyaki[[Plat japonais, parfois appelé fondue japonaise.]]. Il y en a tant que j’aime, je sais que je ne pourrais jamais choisir.
Et pour la France, j’admets que j’apprécie beaucoup le confit de canard.
Onirik : Avez-vous eu des difficultés à tourner certaines scènes du film ?
Eric Khoo (réalisateur) : Absolument pas, mes acteurs étaient tous vraiment très bons. Takumi Saitoh, Seiko Matsuda,… Nous avons eu en tout et pour tout 18 jours de tournage, la preuve que ça coulait comme de l’eau de source.
Onirik : Merci beaucoup pour votre temps et vos réponses à nos questions.
Sortie du film : 3 octobre 2018