Une valse dans les allées – Avis +

Présentation officielle

Le timide et solitaire Christian est embauché dans un supermarché. Bruno, un chef de rayon, le prend sous son aile pour lui apprendre le métier. Dans l’allée des confiseries, il rencontre Marion, dont il tombe immédiatement amoureux. Chaque pause-café est l’occasion de mieux se connaître. Christian fait également la rencontre du reste de l’équipe et devient peu à peu un membre de la grande famille du supermarché. Bientôt, ses journées passées à conduire un chariot élévateur et à remplir des rayonnages comptent bien plus pour lui qu’il n’aurait pu l’imaginer…

Avis Marielle

Mettre de la poésie dans les allées d’un supermarché relève de la gageure, c’est pourtant ce que Thomas Stuber a réussi avec beaucoup de talent, de subtilité et de délicatesse.

L’histoire se déroule dans une ville est-allemande, dont les habitants sont les laissés pour compte de la réunification. Cependant le réalisateur n’a pas voulu faire passer de message politique, même s’il est question de la transition après la chute du mur. Le coeur du film est le récit des relations entre les protagonistes, empreintes d’humanité et de solidarité, qui apportent un peu de chaleur et d’amour dans leur désert de solitude traduit par une grande économie de mots. Christian, le personnage central, est un vrai taiseux, et curieusement c’est sa voix qui se fait entendre en off tout le long du film.
L’histoire d’amour naissante entre Christian et Marion est, comme le reste du film, décrite tout en finesse et retenue.

Le scénario de Thomas Stuber et Clemens Meyer est tiré d’une nouvelle de ce dernier, In the Aisles.

Comme Clemens Meyer l’a fait pour la rédaction de cette nouvelle, les acteurs ont effectué un stage de quelques semaines dans un supermarché avant le tournage, ce qui donne un grande authenticité à leur jeu, à un point tel qu’il a été demandé à Thomas Stuber si son film était un documentaire.

Les acteurs sont exceptionnels. Citons Franz Rogowski (Christian) dont l’expression est très particulière, due à une opération d’un bec-de-lièvre, ce qui lui confère un charme indéniable, il a reçu le Prix du film allemand du meilleur acteur pour ce rôle ; Sandra Hüller (Marion), excellente comédienne qui a reçu de nombreux prix de la meilleure actrice en Allemagne mais aussi en France (2011), Prix de la meilleure actrice au Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz et Prix d’interprétation féminine au Festival 2 cinéma de Valenciennes pour L’Amour et rien d’autre ; et Peter Kurth (Bruno) qui a déjà joué dans un film de ce réalisateur (Herbert), criant de vérité.

La bande son est excellente et la musique apporte de la gaieté et parfois une touche d’humour (Easy de Son Lux, Bach, Strauss…).

Jeune réalisateur, Thomas Stuber a déjà reçu la reconnaissance de la profession par la remise du Prix du Film allemand pour le meilleur film, dit Lola d’Or, en 2016 pour son film Herbert. Il a su ne pas tomber dans la noirceur et faire du quotidien d’un supermarché un véritable joyau. Le poème de Verlaine La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles aurait pu être mis en exergue.

Fiche technique

Sortie : 15 août 2018
Durée : 125 minutes
Avec : Sandra Hüller, Franz Rogowski, Peter Kurth…
Genres : Drame, Romance
Distributeur : KMBO

Récompenses et nominations

– Nomination au Festival du Film de Cabourg – Journées romantiques 2018
– Franz Rogowski, Prix du film allemand du meilleur acteur, Shooting Star de la Berlinale pour ses rôles dans Une valse dans les allées et dans Transit de Christian Petzold