L’Etrange Festival 2017 – films en compétition internationale

Retour sur les films qu’on a vu en compétition internationale lors de l’Étrange. Sur les nombreux films en lice, nous n’avons pu en voir qu’une partie.

Nous rappelons que le film La lune de Jupiter a gagné le grand prix nouveau genre, et le film Les bonnes manières a remporté le prix du public. C’est pourquoi La lune de Jupiter est en haut de cet article, les autres films sont classés par ordre alphabétique.

La lune de Jupiter, film allemand-hongrois de Kornel Mundruczo (2017)

La lune de Jupiter, gagnant du Grand Prix de cette année est le nouveau long métrage du réalisateur du très bon White God sortie en 2014.

On suit cette fois l’histoire d’un jeune réfugié syrien qui se retrouve séparé de son père lors de son arrivée clandestine sur le territoire hongrois. Malheureusement, ce gamin va se faire mortellement tirer dessus, mais étrangement, il survivra à ses blessures. En plus de cela, il va également pouvoir léviter selon ses envies.

Le docteur du camp des réfugiés, endetté jusqu’au cou, va alors voir dans cette capacité un moyen de se faire de l’argent facilement. Il va alors s’enfuir du camp avec le garçon en lui promettant de l’aider à retrouver son père.

Comme il a été dit, ce n’est pas un film qui laisse indifférent. Soit on l’aime, soit on le déteste. Il a en effet une atmosphère et un rythme assez particuliers. Il touche également des sujets contemporains assez sensibles tels que l’immigration clandestine, les religions ou le terrorisme. Et alors même qu’on pouvait imaginer un film fantastique, ce dernier reste très ancré dans cette réalité, et plus on avance plus ces sujets sont présents dans l’esprit des différents personnages.
On peut également relever un développement assez lent ce qui entraîne certaines longueurs, surtout qu’on tourne parfois en rond. Le réalisateur arrive néanmoins à donner à ses scènes de lévitation un caractère assez fascinant, mais ce qui ne suffit pas à notre goût.

On vous invite cependant à vous faire votre idée dessus, car les avis sont vraiment tranchés selon nos affinités avec les sujets et la mise en scène du film. (Sortie nationale : 22 novembre 2017)

A Day, un film sud-coréen de Cho Sun-Ho (2017)
Kim Joon Yeong est un docteur connu internationalement. Père célibataire, sa fille lui reproche d’être tout le temps en retard et de ne pas s’occuper assez d’elle. Mais aujourd’hui, c’est son anniversaire, il tachera alors d’être à l’heure. La journée s’annonce légère jusqu’au moment où il voit sa fille mourir, percutée par un taxi. Mais ce bouleversement n’est pas le seul car quelques minutes après, il se retrouve à sa place dans l’avion, où il était quelques heures auparavant.

Ce film fait usage du retour dans le temps à un moment précis permanent. Mais cela ne permet pas à notre héros de sauver sa fille. La réalisation du film est vraiment très propre et le réalisateur maîtrise parfaitement son scénario. En effet, à chaque fois qu’on sent que ce qui se passe à l’écran devient monotone, il arrive à rajouter de nouveaux éléments qui viennent tout perturber. Il y a une belle dynamique et finalement on ne s’ennuie pas.

Nous avons ici un très bon film, mais il ne nous apporte pas de si grandes surprises que cela. On peut également regretter certains partis-pris par le réalisateur, mais cela ne gêne pas l’intérêt global qu’on pourra lui porter. (Sortie nationale : date à venir)

Attack of the Adult Babies, film britannique de Dominic Brunt (2017)
Voilà un film britannique qui décide de sortir des sentiers battus. Avec une volonté loufoque et de faire du hors norme, il nous a été précisé qu’ils ont réussi à avoir le manoir qui était en second choix pour la série Downton Abbey. Et que du coup, ils se sont fait un plaisir d’y faire n’importe quoi.

Dans ce manoir, de riches personnalités payent pour retrouver leur âme de bébé afin de pouvoir être chouchouté par des nurses en uniforme court et talons hauts. Ces dernières sont soumises au secret et sont supervisées par deux nurses sévères et radicales. Mais il n’y aurait pas eu de problème si une famille n’avait pas été obligée à cambrioler le dit manoir. Ce qui nous amène à une confrontation sanglante entre ces intrus et ceux qui doivent protéger leur secret bien gardé.

Attack of the adult babies est un film complètement barré où les personnages sont assez limités, mais nous font mourir de rire. Cependant, on peut regretter qu’il n’aille pas plus loin, les morts magistrales sont finalement assez réduites et il ne va pas jusqu’au bout de ses idées. C’est vraiment dommage, car on aurait avoir une tranche de rigolade beaucoup plus longue. Mais malgré cela, on y passe tout de même un bon moment, même s’il manque de ce petit quelque chose. (Sortie nationale : date à venir)

Bitch, film américain de Marianna Palka (2017)
Le film a pour actrice principale sa réalisatrice, et pour mari dans le film celui qui partage réellement sa vie. C’est à se demander s’il n’y a pas un message caché pour ce dernier. Car en effet, Bitch, loin du terme assez dur de son titre, narre l’histoire d’une femme qui semble vivre que pour sa famille depuis des années. C’est la bobonne qui doit s’occuper des enfants, faire tourner la maison, faire tout le travail ingrat sans aucune reconnaissance. Mais un jour cela va changer, elle va s’enfuir psychiquement de cette position dans laquelle on l’a enfermé. Elle va rester à la maison physiquement, mais elle va avoir un comportement de chien violent, elle aboie, griffe, montre les dents.

Cet abandon est un choc et un bouleversement pour la famille. Le mari est présenté avec très peu de considération pour sa famille et ce retour brutal n’est pas sans peine pour lui. (Sortie nationale : date à venir)

Cold Hell, film autrichien de Stefan Ruzowitzky (2017)
Ce thriller est un vrai coup de coeur. L’actrice est fabuleuse et se bat de manière vraiment convaincante.

Conductrice de taxi qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, Özge est une femme rude pas très communicante. Un soir, alors qu’elle rentre chez elle, une odeur horrible la prend au nez, elle découvre alors dans un appartement en face de chez elle, le corps d’une femme écorchée et brûlée. Malheureusement pour elle, le tueur caché en grande partie par l’ombre est encore dans l’appartement, il la voit et elle sent qu’elle est la prochaine sur la liste.

Nous avons là un film qui commence de manière assez classique, mais qui révélera un scénario beaucoup plus subtil qu’on ne pourrait le penser dans un premier temps. Le personnage de l’héroïne n’essaye pas de tout gérer dans son coin, elle fait appel aux forces de l’ordre dans un premier temps. Elle veut agir de la bonne manière, mais un déclencheur fera qu’elle n’aura plus confiance. Le réalisateur a une très bonne mise en scène et propose un film qui nous tient en haleine. De plus, il tisse une relation entre l’héroïne et un autre personnage vraiment touchante malgré le fait qu’elle soit une vraie tête de mule. (Sortie DVD : 9 janvier 2018)

Kuso, film américain de Flying Lotus (2017)
Un réalisateur un peu spécial pour un film vraiment spécial. Psychédélique, très colorés et un humour peu subtil, Kuso est la succession de plusieurs sketches se déroulant dans un futur post-apocalyptique. Ces différentes histoires sont liées par des personnages qui se croisent ou par un élément quelconque comme le téléviseur.
Voilà un film qui ne plaira certainement pas à tous les mondes vu son niveau pipi-caca, surtout caca d’ailleurs. Et son fort intérêt pour le dessous de la ceinture.

De plus, malgré un côté hallucinogène et décalé, on n’arrive pas forcément à apprécier ces séquences lumineuses et hors normes. Il nous arrive d’avoir quelques rares sourires tant ce qu’on y voit est absurde. Mais la plupart du temps, notre intérêt est aux abonnés absents.

La mise à mort du cerf sacré, film britannico-irlandais de Yorgos Lanthimos (2017)
Après une opération qui a mal tourné et le décès du patient. Steven (Colin Farrel) entretient une relation avec la famille du défunt pour compenser sa culpabilité et s’assurer que le fils, Martin (Barry Keoghan), de ce patient grandisse bien. Cependant un jour, son propre fils n’arrive plus à marcher, il est paralysé et rien ne l’explique médicalement. C’est alors que Martin lui explique la malédiction qui le touche lui et sa famille et qu’il devra faire un choix pour protéger les siens.

La mise à mort du cerf sacré est un film qui prend son temps pour démarrer, pendant un long moment, on ne connaît pas vraiment la relation entre Steven et Martin. Elle devient étrange quand Colin le présente à sa famille. Les acteurs sont ici très bons, et malgré un rythme lent, on ne s’ennuie pas tant on veut des réponses. L’angoisse monte, entre le malheur qui touche cette famille qui semble parfaite et les réponses qu’Anna (Nicole Kidman) cherche sur son époux. C’est une bonne réalisation et une atmosphère vraiment réussites que nous avons ici, le film exerce une vraie fascination sur le spectateur. (Sortie nationale : 1er novembre 2017)

Les garçons sauvages, film français de Bertrand Mandico (2017)
Voilà un premier long-métrage attendu pour les fans du réalisateur Bertrand Mandico. C’est un passionné qui a pris près de 3 ans pour faire ce film, et on peut dire que l’attente n’a pas été pour rien.

Les garçons sauvages narre l’histoire d’un groupe d’adolescents de famille riche. Ce sont presque des intouchables et sont soudés comme les doigts de la main, ce qui empêche la condamnation de leurs actes répréhensibles. C’est comme ça jusqu’au jour où le Capitaine arrive chez eux. Ce dernier est payé par les parents des cinq garçons pour qu’ils se fassent éduquer et deviennent sages.

Ils sont alors embarqués sur le bateau du Capitaine où ils découvrent le travail des corvées, mais leur voyage les amènera également sur l’île des plaisirs. Car le Capitaine a un projet particulier pour eux.

C’est un film qui se passe en grande partie en noir et blanc entrecoupé de scène de couleur d’un esthétisme poussé. Chaque plan a une signification, mais est aussi un régale pour les yeux. Ce film expérimental en surprendra plus d’un et on peut le trouver étonnamment accessible. On ne s’y ennuie pas tant ce qui se passe à l’écran est fascinant. Notons également que les cinq garçons sont joués par des femmes, et ces dernières sont vraiment impressionnantes. Elles sont convaincantes à souhait. Voilà une expérience à voir définitivement sur grand écran ! (sortie nationale: 14 février 2018)

Mon Mon Mon Monster, film Taïwanais de Giddens Ko (2017)
Avant d’aborder ce film, il faut d’abord faire un petit focus sur son réalisateur : Giddens Ko. Ce réalisateur taïwanais était apprécié et connu pour ses films romantiques. Notons son très bon film d’adolescents You are the apple of my eyes avec dans le rôle principal Kai Ko. Malheur pour lui, il a été pris sur le fait d’une relation extra-conjugale ce qui l’a fait descendre en effet, car à Taïwan, la presse people épingle de manière très sévère ce genre d’écart. Ainsi, Mon Mon Mon Monster est un film d’un autre genre, d’un autre temps, il y dégage sa haine contre la pression médiatique et sociétale qu’on lui a fait vivre, c’était une réponse révoltée.

Dans ce film, on aborde l’histoire d’un adolescent qui se trouve être l’exclu, la victime de sa classe. En Asie, c’est quelque chose qu’on peut voir assez fréquemment, un adolescent que tout le monde persécute et maltraite, sous le regard indifférent des adultes. Ici, notre adolescent va se voir punir en compagnie de ses bourreaux, mais curieusement, il va intégrer cette bande.

Ce film est un coup-de-poing. Il mêle avec brio fantastique et dénonciation des comportements des adolescents dans la société. Ces derniers sont aussi monstrueux que la créature en question voire plus. Giddens Ko dépend une société qu’il vomit et le fait bien. Et pourtant, malgré les sujets peu sympathiques du film, l’humour noir y est présent et le divertissement également. C’est un film où on ne s’ennuie pas une minute et où la mise en scène est vraiment léchée. Notons également que le jeu des acteurs est vraiment bon, on a vraiment envie de détester ces adolescents complètement arrogants et insolents, mais aussi ces adultes qui ne font rien. Bref, c’est un film à voir !

En bonus, c’est le merveilleux groupe 831 qui nous offre la chanson de fin, et on peut découvrir quelques images de la production dans le clip. (Sortie nationale : date à venir)

Thelma, film norvégien de Joachim Trier (2017)
Thelma est le prénom de l’héroïne de ce film norvégien. Cette jeune femme issue d’une famille catholique croyante, arrive fraîchement dans une citée universitaire loin de sa famille. Cette dernière se sent isolée et différente des adolescents qui l’entourent, elle est assez réservée et ne connaît personne. Jusqu’au jour où elle va faire une sorte de crise d’épilepsie et fera par ailleurs la connaissance de la sympathique Anja.

Anja va être une porte de salut pour elle, une promesse de sociabilité, de fête, de jeunesse et d’amitié. Cependant, Thelma va être de plus en plus attirée par la jeune femme, ce qui provoque chez elle beaucoup d’angoisse vis-à-vis de ses croyances. De plus, ses crises vont s’accentuer en même temps que ses sentiments pour Anja et Thelma va se rendre peu à peu compte que d’étranges phénomènes se produisent autour d’elle.

Thelma est un film assez curieux, car on ne sait pas ce qui nous attend pendant un long moment. Il se passe des phénomènes qu’on ne comprend pas sur le moment. Mais ces derniers entourent la vie de notre héroïne. Ce film est finalement principalement une histoire d’amour, une histoire de découverte, car Thelma est une jeune femme qui n’a jamais fait la fête comme les autres. Même si on peut noter quelques longueurs et une ambiance qui ne plaira par forcément à tous, ce film nous embarque et démontre d’une réalisation propre. (Sortie nationale : 22 novembre 2017)

Ugly Nasty People, film italien de Cosimo Gomez (2017)
Premier film du réalisateur, il nous invite à retrouver Claudio Santamaria (On l’appelle Jeeg Robot) dans le rôle d’un petit malfrat sans jambe. Cette particularité est importante, car son épouse n’a pas de bras et que leur colocataire est un toxico. Et c’est avec l’aide d’une personne de petite taille et délinquant que ce groupe hétéroclite de vilains va braquer le coffre en banque de la mafia chinoise. Mais le pactole attire des intérêts individuels et donc des traîtrises.

Ugly Nasty People est un film barré qui s’assume totalement. Les personnages pensent à leur profit et restent dans leur rôle jusqu’au bout des ongles. On arrive cependant sur une seconde partie qui s’essouffle un peu, ce qui est un peu dommage. Mais c’est tout de même un très bon divertissement devant lequel on s’amuse beaucoup. (Sortie nationale : date à venir)