Présentation de l’éditeur
C’est l’histoire de Paul, Blaise, Éloïse, Charlène et Grégoire, Martine ou Jacques, et finalement de tous ceux que l’addiction au jeu rassemble autour de la roulette des casinos, ici de la côte atlantique.
C’est l’histoire de ce défi répété à la face du destin où chaque fois on rejoue sa vie, une manière, pour peu qu’on s’y penche, de mieux s’explorer. C’est l’histoire de la souffrance humaine, qu’on croit un temps dissipée par le vertige du jeu.
Avis d’Emilie
Ce qui surprend au premier abord, c’est le rythme. Chaque chapitre n’est constitué que d’une seule longue phrase, y compris pour les dialogues. Il y a beaucoup de virgules, ce qui permet de reprendre son souffle. Au début, on est gêné, et finalement, on se rend très vite compte que cet exercice de style sied à merveille au thème : les joueurs pathologiques, les accros à la roulette. On ressent bien l’adrénaline, la déception, l’espoir, l’excitation.
Cet univers méconnu nous est dévoilé d’une point de vue multiple. Chaque chapitre offre la vision d’une personnage différent. Paul, le peintre connu qui souffre d’une maladie neurodégénérative (thème récurrent chez Bordage), Blaise, le père solitaire qui redécouvre l’amour après la mort de son épouse, Eloïse, aux tendances paranoïaques, Charlène, caissière esseulée… Tous se rencontrent autour de la roulette, et c’est l’occasion d’aborder les problèmes de la vie, auxquels on essaye d’échapper grâce au jeu. Le jeu sert d’excuse pour une étude de l’âme humaine.
Véritable traité de l’humanité, on se reconnaît dans tous les personnages, qu’on soit joueur ou non. Le jeu n’est finalement qu’une technique pour s’évader, comme nous en avons tous : lecture, écriture, cinéma, séries, shopping, travaux manuels… L’auteur a réussi l’exploit de parler d’un comportement considéré comme répréhensible par la société sans poser un jugement de valeur. Le grand nombre de personnages, principaux et secondaires, rend l’ensemble sans appel : tous coupables ! Y compris le lecteur.
Les histoires d’amour qui se nouent dans l’ouvrage permettent quelques très belles scènes de sexe. Pierre Bordage nous avait confié dans une rencontre à Meyzieu qu’il souhaitait explorer l’écriture érotique. C’est un joli essai qu’il nous livre ici. Vrai, parfois cru, parfois à demi-mots, c’est excitant et ça ne tombe jamais dans le descriptif médical.
Bien loin de la science-fiction à laquelle il nous habitué, l’auteur signe ici un roman de littérature blanche très réussi, bien qu’un peu déroutant.
Fiche Technique
Format : broché
Pages : 264
Éditeur : Au diable Vauvert
Collection : Littérature générale
Sortie : 7 septembre 2017
Prix : 18 €