– Un loup viendra. Je l’appellerai dès que tu auras le dos tourné, et quand il m’aura dévoré en croquant mes os, il t’égorgera sans briser les tiens pour que ton âme ne s’évade jamais.
En Amérique comme en Australie, on observe que plusieurs victimes d’assassinats portent sur le front la marque d’une patte de loup. De plus, les trépassés ont tous un lien avec la Mongolie. Dans ce pays (renommé pour la beauté de ses paysages et sa corruption), Solongo, la compagne de l’ancien policier Yeruldelgger, exerce la fonction de médecin légiste. Elle a eu le temps de pratiquer une autopsie sur des victimes similaires. Juste à temps, car les corps ont été évacués de la morgue par des hommes armés.
Mais pendant ce temps que devient Yeruldelgger qui est après tout le héros de l’histoire ?
Oh, sa retraite spirituelle dans la steppe est quelque peu perturbée par l’arrivée de Tsetseg. Cette cavalière des steppes recherche sa fille disparue et il est évident que Yeruldelgger va lui venir en aide.
De plus, voici Odval une autre cavalière venue informer Yeruldelgger que le Français avec lequel elle pratiquait « l’amour nomade » (une association temporaire entre deux personnes de sexe opposé et en dehors des liens du mariage…) a été assassiné.
Bref, Yeruldelgger accueille dans sa yourte deux femmes qui vont assurément compliquer sa retraite spirituelle. Précisons que la modernité a atteint la Mongolie et que les DVD circulent largement. Or, un de ceux qui intéresse le plus les Mongoles se trouve être Little Big Man, particulièrement la scène où Jack Crabb (Dustin Hoffman) se retrouve en compagnie de ses différentes épouses dans le tipi. Au fait, un tipi cela ressemble bien à une yourte n’est-ce pas ? Un instant, elles ne vont quand même pas ? Mais si !
Complication supplémentaire : voici Jacqueline une géologue québécoise très énervée depuis qu’Odval a couché avec son chum (expression québécoise signifiant ‘mec’) en l’initiant à l’amour nomade. De plus, Odval a distrait le géologue français de sa mission primordiale qui consistait à observer l’Inde bouger. Explication : l’Inde située à 3 000 km à l’Ouest de la Mongolie remonte vers le Nord à raison de 6 cm par an : d’où plissements, formations de chaînes montagneuses et tremblements de terre dévastateurs. Le prochain devrait logiquement anéantir Oulan-Bator la capitale qui abrite un tiers de la population de la Mongolie.
Préoccupant certes, mais pour le moment ne devrait-on pas s’occuper du, rectification des cadavres. Objection ! Yeruldelgger n’est plus policier ! Qui l’affirme ? Guerleï ! Cette lieutenante de la police mongole (et qui désapprouve fortement l’amour nomade) entend bien faire respecter son autorité comme le prouve le pistolet Tokarev qu’elle tient à la main.
Ne nous énervons pas. Yeruldelgger propose simplement quelques conseils et… Blam !!! Coup de feu ! Guerleï a tiré ? Non, c’est un sniper qui vient de loger une balle dans le réservoir d’un camion-citerne tout proche. D’où la volonté d’évacuer manifestée par Guerleï. Mais Yeruldelgger en policier d’expérience la rassure. Le liquide qui s’écoule du réservoir ne constitue aucun danger, car le gasoil est difficilement inflammable.
D’où une objection de Guerleï la policière moderne qui explique alors que le camion touché par le projectile est un « ZIL-130 » de chez Likhachev (modèle 1991-92) qui possède un moteur à essence ! D’où une inquiétude légitime, surtout quand se pointe un motard avec à la bouche une cigarette de contrebande allumée, et bref…
Boum !!!
Cette troisième aventure de Yeruldelgger se caractérise par un début riche en humour et où Yedelgher apparaît complètement décalé par rapport à ce qu’on attend du personnage. Est également évoqué le passé, le présent et le futur de la Mongolie. Ce pays magnifique et inquiétant sert de décor à un affrontement inégal, où les quelques combattants du bien se retrouvent entourés de corrompus et de tueurs au service d’intérêts privés ou d’États.
Ce pays aux traditions ancestrales (qui se révèlent parfois agréables et parfois malsaines) est en train d’être détruit par le pillage des compagnies minières et des « ninjas » indépendants qui ravagent le sol et le sous-sol.
Quant à ses habitants, parfois rebelles, parfois prédateurs, ils succombent où s’affrontent. Dernièrement, un groupe s’est dressé contre les exploiteurs qui envoient leur escadron de la mort régler ce problème. Le « cynisme constructif » et l’humour noir de Ian Manook se révèlent dans toute leur splendeur lorsque Yeruldelgger s’inquiète. Les futures victimes ont bien placé des sentinelles n’est-ce pas ? Non, elles regardent la télévision.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 432
Éditeur : Albin Michel
Sortie : 28 septembre 2016
Prix : 21,90 €