Présentation officielle
Un dialogue commence, des questions et des réponses entre la femme et l’homme. Il s’agit d’expériences sexuelles, d’enfance, de souvenirs, de l’essence de l’été et de ce qui différencie les hommes et les femmes, la perspective féminine et la perception masculine.
Derrière, dans la maison qui donne sur la terrasse, sur la femme et l’homme : l’écrivain, en train d’imaginer ce dialogue et de le taper à la machine. Ou est-ce l’inverse ? Seraient-ce les deux personnages, là dehors, qui lui racontent ce qu’il couche sur le papier :
un ultime et long dialogue entre un homme et une femme ?
Avis de Vivi
Les beaux jours d’Aranjuez est l’adaptation par Wim Wenders de la pièce éponyme de son ami Peter Handke, avec qui il recollabore 29 ans après Les ailes du désir. Retrouvailles aussi avec le producteur Paulo Branco, 22 ans après Lisbonne story. Un film entre amis, en quelque sorte… Un climat de confiance sans doute nécessaire pour se lancer dans cette aventure cinématographique qui ne manque pas d’audace.
Il recourt à la 3D qui, d’entrée de jeu, embarque le spectateur dans un Paris de rêve sur la musique lancinante de Lou Reed qui nous promet une journée parfaite (A perfect day). Frissons, ouverture magnifique! C’est plus loin, dans une propriété située en pleine nature que la caméra se promène pour nous faire vivre cette journée estivale. A l’intérieur, un juke-box vintage, un bureau : un écrivain s’apprête à taper sur son clavier et nous voici transportés vers la terrasse où ses personnages prennent vie, assis à une table, un chien à leurs pieds, et entament une conversation.
L’homme questionne sur la première fois, la femme répond volontiers en plongeant dans ses souvenirs et ce principe s’appliquera tout le long du film, « sans tes questions, je suis aveugle et muette« , lui dira-t-elle. Elle raconte le sexe, lui, les couleurs et les senteurs des jardins d’Aranjuez, la résidence des rois d’Espagne,
Filmer la parole, c’est faire des champs contrechamps, basique… cela peut être aussi tourner lentement autour des acteurs avec un travelling circulaire. La caméra bouge souvent avec la même douceur que celle qui relie l’homme à la femme. Quelques gestes peuvent accompagner les mots: jouer avec une pomme, la croquer, poser sa tête sur la table, se lever tout à coup, s’emparer d’une cigarette et la fumer.
Un jardinier, joué par Peter Handke lui-même, fait un instant son apparition avec une échelle et le chien circule pour animer le plan. La parole s’arrête quand l’écrivain metteur en scène doit retrouver de l’inspiration et des allers retours de l’extérieur à l’intérieur de la maison permettent de beaux raccords drôles : les moments où le cri ou les paroles de l’auteur se superposent à ceux du personnage. La musique qui s’échappe à plusieurs reprises du juke-box redonne de l’élan au créateur et l’apparition de Nick Cave chantant au piano est un moment d’une grande intensité…
Ce film aurait été impossible sans l’utilisation de la 3D qui apporte une présence extrême aux personnages et à la nature, réussissant à créer une proximité entre les personnages et le spectateur. Les acteurs, impeccables, s’abandonnent et livrent leur texte avec douceur et naturel. Quant à la musique, quatrième personnage du film, si elle inspire l’écrivain, elle a aussi
Fiche technique
Sortie : le 9 novembre 2016
Durée : 97 minutes
Avec : Reda Kateb, Sophie Semin, Jens Harzer, Nick Cave
Genre : drame