Présentation de l’éditeur
Composée de tant d’éléments différents, Vienne était le terrain idéal d’une culture commune. Étranger n’y était pas synonyme d’ennemi, ce qui venait de l’extérieur n’était pas orgueilleusement écarté comme antinational, non allemand, non autrichien, mais recherché et honoré. Tout stimulant du dehors était accueilli et on lui donnait la coloration viennoise spécifique.
Cette ville, ce peuple, peuvent comme tous les autres avoir commis des fautes, mais Vienne a eu cet avantage qu’elle n’était pas arrogante, qu’elle ne voulait pas imposer aux autres ses mœurs, sa façon de penser. La culture viennoise n’était pas une culture conquérante, et c’est pourquoi chaque nouvel hôte se laissait si facilement gagner par elle. Mélanger les éléments différents et créer de cette harmonisation constante un nouvel élément de culture européenne fut le véritable génie de cette ville.
Les textes ici rassemblés traitent aussi bien de littérature que de l’histoire européenne et du destin de la civilisation. Le traumatisme de la Première Guerre mondiale, le démembrement de l’Empire austro-hongrois, l’imminence des dangers prochains demeurent omniprésents. Ces pages ont des accents qui évoquent Le Monde d’hier, la grande autobiographie de Zweig. Il y est aussi question de Byron, Nietzsche ou Tolstoï. Dans sa diversité, Derniers messages offre le meilleur de la pensée de Stefan Zweig.
Avis de Claire
«Quelques différentes que puissent être nos opinions il est un fait sur lequel d’un bout à l’autre de la terre nous sommes tous d’accord aujourd’hui, c’est que notre monde se trouve dans un état anormal, qu’il traverse une grave crise morale, (…) tout le monde vit dans la crainte qu’une violente explosion ne se produise à tout moment.»
Ces mots que Stefan Zweig a écrit dans son discours L’histoire de demain, avant la montée du parti National Socialiste en Allemagne, résonnent de façon étonnamment contemporaine. On pourrait très bien les appliquer à la morosité ambiante de ce monde post-2001, où les violences envers les peuples et leurs migrations sont au coeur de l’actualité, plus que jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale.
Ces Derniers messages de l’auteur du Monde d’hier s’adressent à nous, certes, mais ils visaient en leur temps une Europe désunie, encore meurtrie des séquelles d’une guerre que l’on avait vainement souhaitée la Der des ders, et portaient en germe l’espoir d’une Europe réunie, rehaussée, revalorisée. Il n’y aurait pas eu plus grand défenseur de l’Union Européenne que Stefan Zweig, ne peut-on s’empêcher de penser.
Ce recueil de onze textes précieux, que nous offrent aujourd’hui les éditions Bartillat, poussent à la réflexion, à la méditation, à la remise en question. Au fil des pensées de Zweig, on s’interroge, on se surprend à regretter cette nostalgie foncièrement au centre de l’oeuvre de cet incroyable esthète, cet homme de lettres aussi amoureux des livres que des mots.
On vibre à son évocation de Lord Byron, qui, tel un phénix, renaît sous sa plume. Et l’on s’autorise à rêver, en lisant ce portrait d’une Vienne à jamais inconnue de nous, où l’Art touchait au sublime.
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 238
Editeur : Omnia
Sortie : 9 janvier 2014
Prix : 9 €