Love & Friendship – Avis +

Présentation officielle

Angleterre, fin du XVIIIe siècle.

Lady Susan Vernon est une jeune veuve dont la beauté et le pouvoir de séduction font frémir la haute société. Sa réputation et sa situation financière se dégradant, elle se met en quête de riches époux, pour elle et sa fille adolescente.

Épaulée dans ses intrigues par sa meilleure amie Alicia, une Américaine en exil, Lady Susan Vernon devra déployer des trésors d’ingéniosité et de duplicité pour parvenir à ses fins, en ménageant deux prétendants : le charmant Reginald et Sir James Martin, un aristocrate fortuné mais prodigieusement stupide…

Avis de Claire

Ecrite par Jane Austen dans les années 1790, et publiée de manière posthume en 1871, la très ironique novella Lady Susan -Whit Stillman en a changé le titre, en hommage à une autre nouvelle intitulée Love and Freindship (sic)- [[Il se justifie de ce choix dans une interview accordée à Vanity Fair]], n’avait encore jamais été adaptée à l’écran.

L’histoire nous emmène en Grande-Bretagne [[Le film a cependant été tourné en Irlande et l’image est plus sombre que dans les adaptations BBC par exemple]], dans les années 1790, donc bien plus tôt que les autres adaptations austeniennes bien connues, telles que Orgueil et préjugés ou encore Raison et sentiments. En vedette, on retrouve avec plaisir une Kate Beckinsale très en forme, au sommet de sa beauté, absolument parfaite dans un rôle que l’on pourrait qualifier d’anti-Emma, un autre personnage austenien, qu’elle avait interprété dans une adaptation télévisée en 1996.

Dans la société corsetée du 18e siècle, où la femme n’a d’autre choix que de faire un beau mariage, la très jolie veuve Lady Susan Vernon, sans le sou, décide de sécuriser son avenir en dénichant, coûte que coûte, un bon parti pour elle, mais également pour sa fille, en âge de se marier. Dans leur entourage proche, il y a deux candidats potentiels et potables : le jeune et séduisant Reginald De Courcy (Xavier Samuel) et le très niais (mais très riche) Sir James Martin (Tom Bennett). Comme dans un jeu d’échecs, les pions sont en place, le chassé-croisé amoureux peut commencer…

Quelle bonne surprise que ce film indépendant américain, co-produit en partie avec la France, qui nous offre à voir une autre facette de Jane Austen. Whit Stillman, qui a écrit le scénario, a parfaitement saisi toute l’essence du texte, qui est profondément ironique mais surtout étonnamment critique vis à vis de la société de l’époque de Jane Austen, envers les femmes. Celle-ci n’a probablement que 19 ans quand elle rédige ce texte à la fois mature et drôle.

Si Lady Susan est perfide et calculatrice, on sent bien que ce sont les circonstances et la fatalité qui l’ont amenée là où elle est, obligée de manigancer, de feinter, de tricher, de mentir… Kate Beckinsale incarne à merveille cette femme belle, mais que son milieu a déjà condamnée d’avance.

Fourbe, manipulatrice, égocentrique, elle n’en a pas moins une intelligence redoutable, et ne perd jamais de vue son plaisir, c’est aussi une femme libre. On adore la détester ! Plus elle est critiquée et attaquée, plus son sens de la répartie s’aiguise, elle prend de l’assurance, quitte peu à peu ses oripeaux de veuve pour des tenues plus extravagantes et colorées.

Le reste du casting vivote autour d’elle avec plus ou moins de bonheur, les autres personnages féminins nous apparaissent finalement assez fades face à une telle héroïne. Coté masculin, Xavier Samuel, Tom Bennett, Lochlann O’Mearáin, Justin Edwards, notamment, papillonnent autour d’elle avec conviction. De ce jeu de séduction, tout le monde (ou presque, selon les points de vue), sortira gagnant, la morale est sauve !

Fiche technique

Sortie : 22 juin 2016

Avec : Kate Beckinsale, Chloë Sevigny, Xavier Samuel, Stephen Fry, Tom Bennett, Jemma Redgrave, James Fleet…

Durée : 92 minutes

Genre : comédie romantique