Alice au pays des morts-vivants – Avis +

Présentation de l’éditeur

Pays des Morts, Inde. Du monde d’hier, il ne reste rien, juste les armes, nécessaires à la survie. Depuis qu’un virus a réduit la quasi-totalité de l’humanité à l’état de zombies, le Comité Central règne sur cette partie du globe. L’instrument de son pouvoir : son armée, Zeus.

Alice, quinze ans, vit dans une communauté restée indépendante et libre. Pour toute école, elle n’a connu que celle du combat. Mais elle y excelle. Lors d’une patrouille, elle surprend un mort-vivant portant des oreilles de lapin roses qui sort subitement de terre, puis qui disparaît. Des rumeurs parlent d’un réseau souterrain où les Mordeurs se réfugient.

Sans l’ombre d’une hésitation, elle s’engouffre à sa suite. Et chute…

Avis d’Emilie

Un roman d’urban fantasy par un auteur indien ! Voilà qui sort de l’ordinaire ! On applaudit des deux mains devant cette diversification qui nous permet de découvrir de nouveaux horizons. D’autant que Dhar est connu dans son pays d’origine et largement traduit dans les pays anglophones. Il était temps qu’on puisse le lire en français.

D’ailleurs, le résumé de la quatrième de couverture intrigue grandement. Nous avons entre les mains le conte revisité d’Alice au pays des merveilles mais avec des zombies plutôt qu’avec un lapin et des cartes à jouer. Il n’en faut pas plus pour être séduit !

L’intrigue est à la hauteur de nos espérances. Malgré quelques incohérences qui ne gênent pas vraiment la lecture (par exemple, Alice est une combattante extraordinaire, elle se bat mieux que son père. sauf qu’Alice a 15 ans et que son père dirige les troupes… C’est donc peu probable !), on se laisse entraîner dans le trou du lapin.

C’est d’ailleurs là qu’Alice tombe, en poursuivant un zombie affublé d’oreilles de lapins montées sur serre-tête. Et dans le trou, elle découvre toute une organisation. Les zombies sont loin d’être les décérébrés qu’on imagine… Ils sont plus ou moins gouvernés par une reine, et une prophétie dit qu’une jeune fille vivante viendrait un jour les secourir.

On adore cet œil nouveau sur les zombies. Ils ne servent pas de chair à canon ici, on n’y lira pas de gore pour le gore (bon, ce sont des zombies, donc oui il y a des scènes sanglantes et de la putréfaction !). Très loin de Resident Evil ou même de Walking dead, on aborde ici le rôle social du zombie et la façon dont on peut les sauver, ce qui est considéré par les humains comme un devoir. Peut-être est-ce une façon d’explorer le système des castes indiennes à travers un sujet moins politiquement engagé ? Mieux vaut laisser les lecteurs qui connaissent bien l’Inde en décider.

L’héroïne est attachante mais fait un peu office de Mary Sue, c’est à dire cette jeune fille parfaite bien sous tout rapport à qui tout arrive. Idéalisée à l’extrême, elle en devient parfois ridicule. Là où l’Alice de Carroll se pose plein de questions, la nôtre fonce tête baissée, le sourire au lèvres et la fleur au fusil. On a un peu envie de lui mettre une gifle pour lui remettre les idées en place parfois…

Le gros souci qu’on rencontre dans ce livre est l’irrégularité de l’écriture. Le tout manque d’ensemble et sonne désuni. On peut lire de longs passages très travaillés, au vocabulaire pointu à des phrases qui seraient indignes de lycéens ! On a lu des fanfictions mieux écrites… Dans un premier temps, on se dit que c’est sans doute un problème de traduction, mais le même reproche est fait par les lecteurs anglophones.

C’est vraiment dommage, car un tel récit aurait mérité de rencontrer le succès. On passe tout de même un excellent moment et le livre ne perd en rien son originalité malgré ce défaut.

Fiche technique

Format : semi-poche
Pages : 256
Éditeur : Outre fleuve
Collection : Rendez-vous ailleurs

Sortie : 12 mai 2016
Prix : 18 €