Présentation officielle
Londres, 1868. Claudine Burroughs n’a que faire des bals sans fin et des obligations sociales de Noël. Venir en aide aux femmes dans le besoin, dans la clinique d’Hester Monk, lui a ouvert les yeux sur un autre monde. Mais les deux univers qu’elle côtoie vont bientôt se rencontrer. Lors d’un gala de Noël, une prostituée introduite par l’un des convives est brutalement battue. Le poète Dai Tregarron, accusé de l’agression, prétend qu’il ne faisait que protéger cette femme contre la violence de trois jeunes hommes. Claudine croit en l’histoire de Dai, mais face aux barrières sociales de la société victorienne, comment prouver son innocence sans tout risquer elle-même ?
Avis d’Artémis
En cette fin d’hiver, ne boudons pas notre plaisir à déguster le Anne Perry de Noël, même un peu tardivement ! Ce tome permet de mieux connaître Claudine Burroughs, un des personnages secondaires de la série Monk.
C’est une héroïne à laquelle on s’identifie assez spontanément, de par les valeurs qu’elle défend et sa soif de liberté malgré sa vie rangée. On la découvre engagée, souhaitant se sentir utile et aider. Elle travaille bénévolement dès qu’elle le peut dans la clinique d’Hester Monk, s’occupant de prostituées. Pourtant, ce n’est pas évident, son mari ayant peur du qu’en dira-t-on de la bonne société dans laquelle ils évoluent, et de l’influence néfaste qu’une réputation entachée de quelque manière pourrait avoir sur ses affaires et son quotidien.
Dans ce roman policier, on ne suit pas simplement une intrigue : on se révolte avec Claudine Burroughs. D’ailleurs, on a l’impression que dans ses derniers tomes, Anne Perry nous propose des personnages de plus en plus engagés, des histoires qui font échos à notre société contemporaine, et une analyse de la société victorienne plus profonde.
Le condamné de Noël met au cœur du récit Dai Tregarron, « poète, philosophe et grand buveur de vie » comme il se décrit lui-même : « La société me considère comme un blasphémateur, et les gens se réjouissent du frisson d’horreur qu’ils s’autorisent quand on prononce mon nom. » Une prostituée est tuée lors d’une soirée de la bonne société, à laquelle il participe. Il est tellement rassurant et plus facile pour tous ces gens de le montrer du doigt et de le déclarer coupable, lui qui n’appartient pas au même monde.
Pourtant, Claudine Burroughs a des doutes. Non seulement la violence du meurtre ne correspond pas à la personnalité de l’homme avec qui elle avait conversé quelques minutes avant, mais il n’est pas le seul suspect possible et les circonstances ne sont pas si nettes pour déterminer un coupable aussi vite.
Mais voilà, les autres suspects sont trois jeunes gens issus de bonnes familles. Il est inconcevable pour leurs proches de les mettre en doute, ou tout du moins de les pointer publiquement du doigt, quand bien même leur attitude ne serait pas irréprochable. Il semble que la notion de morale soit variable en fonction des classes et des situations, et que la réputation prime sur la vérité.
Claudine Burroughs, quant à elle, ne cherche pas à protéger une réputation ou à défendre à tout prix le statuo quo de la haute société. Malgré les obstacles, elle se bat pour la justice et l’équité, ce que son mari et ses proches ne comprennent pas.
Vous l’aurez compris, Le condamné de Noël est un excellent cru : intriguant, intéressant, troublant aussi.
Fiche technique
Format : poche
Pages : 192
Editeur : 10-18
Collection : Grands Détectives
Sortie : 5 novembre 2015
Prix : 8,80 €