Présentation de l’éditeur
Bénévole dans une association qui s’occupe d’enfants, Lina est partie poursuivre ses études à Moudi en Chine. Thomas, lui, enquête pour une ONG sur les disparitions d’enfants (principalement des petites filles) qui sévissent depuis des décennies dans cette région reculée.
La jeune femme accepte de lui servir d’espionne sur place où elle découvre vite les ravages de la politique de l’enfant unique. Mais ses questions vont semer le trouble dans le village. Quand un mystérieux assassin se met à éliminer un à un tous ceux qui semblaient savoir quelque chose, elle comprend que le piège est en train de se refermer sur elle…
Réseaux d’adoption clandestins, mafias chinoises, trafics d’organes, prostitution… oscillant entre passé et présent, un thriller dépaysant, remarquablement documenté, qui nous conduit au coeur d’une Chine cynique et corrompue où la vie d’une petite fille ne vaut que par ce qu’elle peut rapporter.
Avis de Linagalatee
Li-li et Sun sont amies, malgré les difficultés de leurs vies respectives. Mariées sans amour, elles quittent famille et amis pour servir leur époux et la mère de ceux-ci. Leur seul rôle, désormais, est de servir leur belle-famille et leur donner un petit fils. Li-li accouche dans la douleur, et sous les injures de sa belle-mère. Encore une fille, la quatrième. Elle non plus ne vivra pas !
Sun a eu plus de chance, malgré la politique de l’enfant-unique, son mari lui a permis de garder sa fille Chi-Ni qui a maintenant 6 ans et qui va tous les jours étudier au temple. Sun est enceinte. Son mari Lu-Pan est agriculteur, mais il joue de plus en plus au Mahjong, dilapidant ainsi le peu d’argent qu’il gagne. Et ce qu’il ne joue pas, il le boit !
Lina a décidé de partir une année à Canton (Chine) à l’Université pour parfaire sa maîtrise de la langue. À Strasbourg, elle est blouse rose, elle visite des enfants malades trois après-midi par semaine.
À peine est-elle arrivée que Thomas Mesli, salarié d’une ONG, l’interpelle à l’aéroport. Il lui demande son aide : des petites filles disparaissent. Beaucoup de petites filles. Trop.
On est immergés dès le début de ce roman dans la terrible cruauté du contrôle des naissances en Chine. Ces mères à qui l’on enlève leur enfant dès les premières secondes, dès que la sentence tombe : fille. Rajoutée à ça l’humiliation, celle de n’être pas capable d’enfanter un fils.
Comme si cela ne suffisait pas, celles qui ont la chance de pouvoir garder leur fille jusqu’à la prochaine naissance, risquent de la voir disparaître dans un trafic mafieux. Vendues par leur propre famille, elles finissent par travailler 14 heures par jour voûtées dans des usines textiles ou alimentent des réseaux de trafics d’organes.
L’auteur, dans un style sans concession, ne porte aucun jugement. Qui sommes-nous pour juger des traditions ancestrales qui sont différentes des nôtres ? Elle informe, d’une manière romancée, la lutte de ces femmes, de ces mères, de ces filles.
Elle ne justifie pas, elle raconte, dans un style très direct toute la souffrance de ce pays qui voudrait avancer, mais freiné par des intérêts financiers énormes, le poids des ancêtres, les rouages d’une machine tellement huilée depuis la nuit des temps.
C’est un roman très poignant, difficile parfois, toujours juste.
Une très belle façon de raconter, avec beaucoup de tendresse, de finesse, de justesse, qui vous prend aux tripes et vous laisse anéantis devant tant de souffrance.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 416
Éditeur : Albin Michel
Collection : Spécial suspense
Sortie : 4 janvier 2016
Prix : 21,50 €