Little Go girls – Avis +/-

Présentation Officielle

À Abidjan, les Go se servent de leur corps comme d’un tiroir-caisse pour avoir un peu de liberté quitte à vivre dans le déshonneur. Très jeunes, elles fuient les violences familiales. Prises dans des trajectoires de résistance et de soumission, elles affrontent l’autorité dans l’espoir de pouvoir, un jour, choisir seule. Cette quête folle de liberté, les amène dans les ghettos de « fraîchenies » où je les photographie. À l’extérieur, on ne voit en elles que des « maudites, hurlantes, violentes, des filles foutues » qui apportent la honte et le malheur. Mes portraits semblent leur apporter le reflet d’une dignité, ils me permettent d’établir un lien avec elles.

Trois ans après, je les filme, sans narration, sans parole ou presque. Elles me font cadeau de leur intimité dans un demi silence. Pour avoir travaillé deux ans sur les sites de prostitution, je le reçois comme une grâce qui permet de faire émerger une autre face d’elles-mêmes en rupture avec les préjugés qui les condamne à la flétrissure. Un peu plus tard, elles tentent ensemble de sortir du bannissement.

Au moment où elles arrivent à se libérer, elles se débarrassent de leurs corvées sur deux petites bonnes, analphabètes comme elles. Une malmenée trouvera toujours une plus faible qu’elle dans un système de dépendance qui s’étend à toutes les relations dans un monde où « chacun est dans son chacun ».

Dans nos univers saturés de discours, je cherche un cinéma tourné vers l’expression intérieure de l’être qui souffre et résiste, sans qu’il n’ait forcément envie d’en parler face caméra.

Avis de Valérie

En Côte d’Ivoire, comme partout dans le monde, les prostituées sont mises au ban de la société. On utilise leurs services, on les bat, on les dépouille, et on les abandonne, enceintes ou malades.

Un tel sujet magnifié par une image superbe ne pouvait que transmettre un message – ou un analyse – qui malheureusement n’est pas présente ici. Plus qu’un documentaire il s’agit d’un témoignage de ce à quoi assiste la réalisatrice Eliane de Latour.

Après sa première rencontre avec les Go girls, elle décide de vendre les clichés qu’elle a fait de ces femmes pour revenir ensuite à Abidjan et tenter de leur venir en aide. Elle loue d’abord une chambre d’hôtel où quelques unes vont pouvoir s’y reposer puis un appartement.

On est captivé par l’oeil de la caméra qui comme rarement embellit son sujet. Ces femmes abîmées, usées et désœuvrées nous apparaissent superbes, conquérantes, battantes.

Mais l’absence de données précises ou d’explication factuelles de ce cas sociétal nous laisse un peu orphelin en fin de projection, et c’est dommage. Mais on note favorablement que la réalisatrice ne s’immisce jamais dans le quotidien des filles tout en ayant beaucoup d’empathie. Elle les laisse faire des choix qui pourraient nous paraître discutables, et par là les aide vraiment.

S’il manque les informations qui en aurait fait un documentaire excellent, ce témoignage est superbe et nous touche beaucoup.

Fiche Technique

Sortie : 9 mars 2016

Durée 93 minutes

Genre : documentaire