La beauté du diable – Avis +

Présentation de l’éditeur

La beauté du diable, ou comment le désir vient aux femmes. Le désir d être belle, de se croire une reine, le désir d allumer les regards de convoitise et d envie sur son passage.

« J ai un secret. J appartiens à un club. Vous pourriez l appeler le club des passionnées de beauté. Mais ce n est pas de la beauté des autres que nous sommes éprises. Nous sommes les véritables esthètes, nous portons notre beauté sur nous. Et même si nos maisons sont vieilles et délabrées, si les murs empestent l usure et la décrépitude, quand nous sortons après notre toilette matinale, nous sommes jeunes, fraîches et superbes. »

Kayo aurait pu mener une existence fade et rassurante de mère au foyer à Tokyo. Jusqu à ce que germe en elle une graine qui va définitivement changer sa vie. Cette histoire aurait pu tout aussi bien se dérouler à Paris, Londres ou Delhi ; dans n importe laquelle de ces capitales où prévaut le culte de l apparence et du luxe, où la pétillante ivresse du shopping peut se transformer en drogue, et le paradis en enfer. Car le club des passionnées de beauté compte des affiliées dans le monde entier. Chaque femme pourra y retrouver une part d elle-même. Et les hommes, découvrir un continent qui leur est inconnu.

Avis d’Emilie

Nous autres lecteurs, et surtout lectrices, français sommes habitués à la littérature chick-lit (c’est à dire une prose légère et drôle, ou l’héroïne vit des soucis financiers, qui l’empêchent de s’habiller et d’acheter tout ce qu’elle voudrait, et amoureux, car elle idéalise trop l’homme parfait) nord-américaine et britannique, française un peu plus rarement.

Il est donc particulièrement intéressant de lire La beauté du diable, car ce roman se déroule au Japon, et est écrit par une romancière qui y a vécu plusieurs années. Sans savoir que Radhika Jha n’est pas japonaise, le lecteur ne s’en doutera probablement jamais. A travers ce roman, on vit le Japon, on respire le Japon. Mais pas le Japon rutilant idéalisé par les occidentaux. Non, le Japon des petites gens, qui vivent des vies banales, dépriment, et travaillent dur. Et avant tout, ceux qui souffrent du poids des traditions.

C’est le cas de notre héroïne, Kayo. Elle se marie très tôt, à 17 ans, contre l’avis de sa mère et de son amie Tomoko. Elle perd de vue cette amie, et la retrouve 5 ans plus tard, alors qu’elle ne supporte plus la vie de femme mariée. Tomoko, elle, se dit libre et n’appartient à aucun homme. Très vite, Kayo est subjuguée par Tomoko, belle, désirable, dont la vie n’est pourtant pas toute rose non plus, et se laisse entraîner par son amie à faire du shopping. Sauf qu’elle n’en n’a pas vraiment les moyens, au contraire de sa flamboyante amie. Et cette spirale d’achats, qu’elle cache à son mari, va l’entraîner dans des actes de plus en plus graves pour rembourser ses dettes…

Alors que nous avons l’habitude de lire une prose légère et drôle, nous nous retrouvons ici avec un livre à l’écriture ciselée. Il est empreint de la solennité que l’on prête au Japon. Si tous les sujets du genre sont abordés (les amies plus riches qui se moquent de la nouvelle qui n’y connait rien, les dettes, le mari qui ignore tout…), ils sont pourtant traités avec une gravité et un sérieux qui émeuvent mais rendent ce roman assez noir et amer. Toutefois, dans l’ensemble, c’est un roman dynamique et drôle. On passe un excellent moment, et on l’apprend plein de choses sur le rapport des japonai(es) à la mode.

La fin est toutefois assez loufoque et tombe comme un cheveu sur la soupe. Mais il ne s’agit vraiment que du dernier chapitre, qui ne fait que quelques pages, et cela ne vient en rien gâcher la lecture.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 288
Editeur : Philippe Picquier
Collection : Grand Format
Sortie : 21 août 2012
Prix : 20 €