La Grande guerre de Charlie : tome 1 – Avis +

– Les nouvelles recrues ont l’air de bien s’adapter, sergent. Ce jeune gars, Bourne, il n’a pas l’air très futé.
– C’est comme ça qu’je les aime, sir… Quand un soldat est trop malin, il se met à penser, sir… C’est contraire au règlement !

1916 : coincé dans un trou d’obus en compagnie du cadavre d’une estafette, la jeune recrue Bourne attend que la nuit tombe pour retourner dans la tranchée afin d’éviter le tir d’un sniper. Cependant son lieutenant souhaite connaître rapidement le texte du message apporté par l’estafette. Serviable et obéissant Bourne s’efforce de le satisfaire. Le problème c’est que le message est rempli de mots compliqués qu’il ne comprend pas. La solution est simple : il n’a qu’à les épeler.

Le jeune Fred Bourne surnommé « Charlie » vient de parvenir au front. Lorsqu’il s’est engagé dans les forces britanniques il a affirmé avoir 18 ans. Comme il a aussi précisé (en 1916) qu’il était né en 1900, le sergent recruteur ne s’est pas fait d’illusions : « Pas besoin d’être malin pour se battre dans les tranchées. Il a l’air solide, il fera l’affaire ». Charlie va très vite prouver son courage au combat. Le voici jetant avec précision une grenade. Le seul problème c‘est qu’il a oublié de la dégoupiller.

Une autre fois il s’égare en pleine nuit dans le no man’s land. Heureusement le voici vite de retour dans la tranchée. Tiens, qu’est ce qui est marqué sur ce panneau ? « Under den Linden ». Curieux, on ne s’attend pas à trouver une inscription allemande dans une tranchée anglaise.

C’est sous l’autorité d’un tonitruant sergent que Charlie fait l’apprentissage du combat. Le sergent va toujours à l’assaut en compagnie de sa massue personnelle nommée « Elsie » (du nom de son épouse qui possède un excellent crochet du droit). Parmi ses compagnons d’armes, on trouve un vétéran de la guerre des Boers venu venger ses fils, un lâche, un fou et même un débrouillard ayant trouvé le moyen de faire du thé. L’eau utilisée pour le refroidissement de la mitrailleuse permet de réchauffer la boisson nationale.

Pour illustrer la guerre des tranchées l’éditeur confia à Pat Mills, le meilleur dessinateur qu’il avait, en l’occurrence Joe Colquhoun l’auteur de Johnny Red[[Edition Délirium]]. Les actions de bravoure s’accompagnent des lettres rédigées par Charlie (avec beaucoup de fautes d’orthographe) à sa famille. On observe ainsi le contraste entre ses écrits et la réalité du terrain.

Cette bande-dessinée militaire s’accompagne d’informations historiques. Ainsi le scénariste précise que durant la Bataille de la Somme les soldats anglais avaient reçu l’ordre de progresser vers les tranchées ennemies non pas en courant mais en marchant, ceci afin de préserver la cohésion des unités. De plus le haut commandement anglais avait tenu à informer les troupes que l’efficacité des mitrailleuses allemandes était surestimée.

Dans ce contexte à la fois réaliste et pittoresque Pat Mills s’affranchit de tout manichéisme. Si on trouve dans les rangs allemands un Prussien (détesté par ses camarades de combat) adorant donner la mort, son homologue anglais est un officier extrêmement satisfait des pertes dans l’armée anglaise.

Cependant Charlie s’est attiré l’inimité très particulière d’un soldat allemand qui n’a guère apprécié que Charlie s’évade deux fois : la première en l’aspergeant du contenu d’une marmite, la seconde en détruisant un égout aux dépens de la propreté germanique du soldat allemand précédemment cité (les gens sont parfois rancuniers).

Fiche Technique

Format : album
Pages : 112 p. noir & blanc
Scénario : Pat Mills
Dessin : Joe Colquhoun
Editeur : Délirium
Sortie : octobre 2011
Prix : 19,50 €