Là où vous ne serez pas – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

D’où est venu le coup de grâce qui a achevé Alberto Aragon ? Pourquoi l’ex-ambassadeur salvadorien a-t-il fui son pays un matin de juin 1994 pour aller s’égarer dans le labyrinthe de Mexico, vivre ses derniers jours rongé par l’alcool et abandonné de tous ?

Personnage ambigu, impliqué dans d’obscures tractations politiques, homme de confiance de la guérilla salvadorienne et diplomate éphémère au service du gouvernement de la junte militaire, il a longtemps œuvré dans les coulisses d’une guerre civile longue et meurtrière.

Pepe Pindonga, un détective salvadorien fou de femmes et d’alcool, mais abstème volontaire dont l’incontinence verbale est aussi irrésistible qu’inépuisable, est chargé par un mystérieux ami du défunt d’enquêter sur cette disparition : une mission providentielle pour le privé qui a justement besoin de s’extraire du marasme éthylique d’une peine d’amour comme il n’en a jamais connu.

Avis de Caroline

Un roman en deux temps, à deux voix, au style brut et assez déroutant qui nous plonge au cœur d’une enquête sordide où il est question de dictatures d’Amérique latine, de corruption, de mort suspecte et d’histoires d’amour inachevées et tragiques.

Après un départ aussi chaotique que précipité, Alberto Aragon, ambassadeur du Salvador, est parvenu à fuir le Nicaragua pour Mexico. Il y retrouve l’Infante, sa compagne de 40 ans plus jeune qui le loge tant bien que mal dans un bouge infecte.

Alcoolique, Alberto ne quitte son lit de misère que pour se procurer l’alcool qui l’aidera à tenir et oublier l’indignité de sa vie. Au fil des pages, on en apprend d’avantage sur la passé trouble de l’ex-ambassadeur, on prend le chemin de ses souvenirs mais tout cela s’arrête brutalement avec la mort d’Alberto.

Un ami de celui-ci embauche alors Pepe Pindonga, un détective privé à la dérive, alcoolique lui-aussi et obsédé sexuel, pour enquêter sur cette étrange disparition. Au fil des recherches de Pepe, on part à la rencontre des femmes qui ont marqué la vie d’Alberto, Don Juan devant l’éternel.

Le style d’Horacio Castellanos Moya séduit ou rebute, pas de tiédeur possible. Il est direct, crû, très visuel et le monde qu’il nous offre est des plus sombres, sans réelle rédemption ni véritable espoir. L’enquête sert de fil conducteur à l’histoire mais le vrai sujet du roman, ce sont ces deux hommes, leur rapport à la vie, à l’amour.

Chacun a aimé follement une femme qu’il a perdue et dont le souvenir le hante. Tout en étant fondamentalement différent, ils portent en eux les mêmes craintes, les mêmes addictions et une grande propension à l’autodestruction.

Tour à tour attachants ou détestables, on en vient à les haïr autant qu’on les aime. C’est plutôt déroutant, dérangeant même parfois… On entre avec difficulté dans ce livre et il ne se laisse pas facilement apprécier. Pour certains, la seule vue possible sera l’horreur, la laideur et la déchéance….

A réserver aux lecteur habitués à temps de noirceur.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 262
Editeur : 10/18
Collection : Domaine Etranger
Sortie : 22 novembre 2012
Prix : 8,10 €