Le dîner – Avis +

Présentation de l’éditeur

Deux frères se donnent rendez-vous avec leur épouse dans un restaurant branché d’Amsterdam. Hors-d’œuvre : le maître d’hôtel s’affaire. Plat principal : on parle de tout, des films à l’affiche, des vacances. Dessert : piques et banalités. On évite soigneusement le véritable enjeu de ce dîner à huis clos : leurs fils respectifs ont commis un acte d’une violence inouïe. Jusqu’au couperet de l’addition…

Avis d’Artemis

Le dîner est un roman néerlandais de Herman Koch, qui a été élu livre de l’année aux Pays-Bas. C’est la première fois que cet auteur est traduit en France, et l’on espère découvrir ses autres titres prochainement, car ce Dîner est une réussite.

L’identification au narrateur est facile, la sympathie immédiate envers Paul Lohman, le frère du futur premier Ministre. Paul et son épouse Claire ont été invités par Serge, homme politique populaire, et son femme Babette dans un restaurant très huppé :

« Serge avait réservé. C’est toujours lui qui s’en charge, de réserver. Le restaurant est d’ailleurs de ceux qu’il faut appeler trois mois à l’avance – ou six, ou huit, enfin j’ai perdu le compte. Moi je n’ai jamais envie de savoir trois mois à l’avance où je vais dîner, mais manifestement certaines personnes n’y voient aucun inconvénient. » [[Extrait du chapitre 1]]

C’est donc peu dire que Paul et Claire commencent la soirée avec un enthousiasme limité. Le dîner n’est cependant pas motivé par l’amour fraternel. Oh non, il y a bien un raison derrière cette réunion familiale : leurs enfants adolescents. Mais l’auteur ménage le suspens et le lecteur devra patienter avant de connaître les tenants et les aboutissants qui amènent ces personnes bien précises, en ce lieu particulier.

Car si Tarantino avec Reservoir Dogs est en épigraphe, ce n’est pas pour rien ! Le roman ne va cesser de nous surprendre grâce à ses nombreux flash-backs, et le lecteur sera vite décontenancé. Les impressions premières ne sont pas forcément les plus justes, car les apparences sont trompeuses, on ne l’a jamais assez répété ! D’ailleurs, au fur et à mesure que l’on découvre le personnage, on a envie de sortir de ses chaussures où il nous avait si facilement convié…

Le roman aborde en effet la questions des valeurs et de l’éducation qui, de manière très concrète, sont au cœur du roman. Et la violence qui semblait absente au début du texte, se révèle là où on ne l’attendait pas.

Et bien sûr, ce fameux dîner, qui est le fil rouge du roman, nous apporte une bonne touche d’humour. Ce sont les différents plats qui rythment les parties, jusqu’à l’addition des dernières pages. Herman Koch décrit à merveille l’obséquiosité insupportable du serveur et la frugalité d’une soit-disant cuisine gastronomique aux produits exceptionnels et aux prix explosifs.

Extrait:
 » « Le ris d’agneau est mariné dans de l’huile de Sardaigne et agrémenté de roquette, a expliqué le gérant qui entre-temps était arrivé devant l’assiette de Claire et indiquait de son auriculaire deux minuscules morceaux de viande. Les tomates mûries au soleil viennent de Bulgarie. »
Ce qui frappait au premier regard dans l’assiette de Claire, c’était un vide incommensurable. Je sais parfaitement que, dans les restaurants haut de gamme, on privilégie la qualité et non la quantité, mais il y a vide et vide. En l’occurrence, on avait été visiblement très loin dans l’exagération du vide, de la partie de l’assiette sans aucune nourriture. » [[Extrait du Chapitre 9]]

A l’aide d’une construction du texte d’une précision implacable, l’auteur, à la plume acérée, nous emmène dans un roman dynamique, surprenant, et terrifiant sur la nature humaine. A lire au plus vite !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 360
Éditeur : 10/18
Collection : Littérature étrangère
Sortie : 3 janvier 2013
Prix : 8,10 €