Interview de Sylvia Day

Onirik : Cette Saga que nous appelons aussi la Trilogie Crossfire sera-t-elle en trois tomes ?

Sylvia Day : Il n’a jamais été question que la série soit en trois tomes. Quand j’ai commencé à écrire la saga, je ne me suis pas vraiment posée la question de savoir combien de tomes j’allais écrire. Cela aurait pu tout aussi bien être deux livres. C’est surtout au niveau international que la notion de trilogie a été annoncée : les attentes et la comparaison avec Cinquante Nuances de Grey en ont certainement été la cause. Aux USA personne n’a jamais parlé de trilogie. Je n’ai jamais rien annoncé de tel. Les nombreux personnages secondaires en sont en partie la cause. J’aimerai beaucoup que toutes les histoires parallèles aboutissent. Donc il est très probable qu’il y aura quatre tomes et peut-être même cinq.

Onirik : Est-ce que Gideon Cross incarne l’homme idéal ?

Sylvia Day : Je ne dirai pas que Gideon est l’homme idéal car il est très « fucked up » (fou, dingue, brisé). D’ailleurs, je ne dirai pas qu’il est idéal ou qu’il ne l’est pas car dans la romance on tombe rarement amoureuses de la perfection d’un homme mais plutôt de ses défauts.

C’est le cheminement pour résoudre tous ses problèmes qui est attirant. C’est tout le côté sociopathe de Gideon qui attire les lecteurs et qui intrigue : son incapacité à communiquer et ses nombreux traumatismes. Cette histoire est une fiction avec suffisamment de réalité pour qu’on s’immerge dedans.

Onirik : Est-ce que c’est votre première romance érotique et qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur ces deux personnages ?

Sylvia Day : Dévoile-Moi est mon sixième livre. Mes autres romans sont des histoires plus traditionnelles. Dans une romance classique, l’histoire se termine à la fin du tome. Ici il n’y a pas suffisamment de place dans une seul livre pour raconter toute l’histoire. Car dans un couple quand il y a des traumatismes de ce genre, l’un des deux a tendance à entraîner l’autre vers le bas.

C’est aussi pour cela que le l’ambiance du livre est si noire. Pour moi c’était là le centre de mon histoire : comment une relation aussi sombre entre deux personnes aussi traumatisées pouvait les aider à survivre sans s’entraîner l’un l’autre vers le fond.

Onirik : Pourquoi Cary a-t-il des tendances à l’auto-destruction ?

Sylvia Day : J’ai fait beaucoup de recherches pour ce personnage car je voulais qu’il soit aussi près que possible de la réalité. Il intervient dans le livre pour montrer qu’il y existe des traumatismes qui sont encore plus difficiles à guérir. Mais je travaille encore beaucoup sur son personnage car il a sa propre histoire ainsi que tous les autres personnages. Ils sont imbriqués les uns dans les autres. La famille de Gideon par exemple est un véritable désastre.

Onirik : C’est quoi cette histoire avec les ascenseurs ?

Sylvia Day : Je me rendais voir mon éditeur à New York, je rentre dans ce bâtiment et d’un seul coup je tombe sur ce gars, superbe, dans un costume trois pièces qui venait vers moi. Je me suis littéralement arrêtée. Il était magnifique ! (rires). Je l’ai vu monter dans l’ascenseur. J’ai absolument voulu mettre cette scène dans le livre.

Onirik : Est-ce que vous savez à l’avance ce qui va se passer dans vos romans ?

Sylvia Day : Non. J’écris au fur et à mesure. Je découvre l’histoire petit à petit. Je suis incapable d’écrire un plan et de m’y tenir. C’est une des raisons pour lesquelles je ne sais pas combien de livres je vais écrire. Je ne sais pas combien de temps ça va leur prendre pour être heureux.

Onirik : Quel genre de livres écrivez-vous ?

Sylvia Day : J’ai surtout écrit des romances. Beaucoup de romances érotiques, quelques romances paranormales et aussi des romances historiques. D’ailleurs quelques-unes vont également être traduites en français. Mais toutes mes romances sont sexy avec des héros qui ont un côté très « animal » parce que c’est ce que j’aime.

Onirik : En tant que Présidente de l’Association des Ecrivains de Romance (Romance Writers Association) aux Etats-Unis, comment faites-vous pour promouvoir la Romance ? Car ici en France c’est très difficile.

Sylvia Day : Oui j’ai vu cela. Mais aux USA nous n’avons pas vraiment besoin de promo. Nous sommes 10 000 membres ! L’industrie de la Romance fonctionne extrêmement bien.

Onirik : Pensez-vous que la série Crossfire sera portée sur le grand écran ?

En fait je n’y tiens pas vraiment. Car je pense que le format de série TV serait bien plus adapté. Justement à cause des nombreux personnages secondaires très importants et qui seraient bien mieux développées dans une série télévisée avec des épisodes. On pourrait suivre l’histoire de chaque personnage et les nombreux épisodes permettraient de bien développer leur histoire.

Onirik : Que pensez-vous du succès de la Trilogie Fifty Shades ?

Sylvia Day : Je trouve cela très bien. Surtout parce qu’elle a amené de nouveaux lecteurs à découvrir ce genre de romances. Cela a en effet beaucoup apporté.

Onirik : Pensez-vous écrire un roman du point de vue de Gideon ?

Sylvia Day : Je n’en sais rien. Gideon est très secret (rires).

Onirik : Vous est-il arrivé de retirer une scène parce qu’elle était trop « hot » ?

Sylvia Day : Pas vraiment. Des fois quand une scène de sexe arrive trop tôt, je me dis : non ça ne va pas, je ne peux pas la mettre maintenant. Mais si je décide de l’enlever, je ne la garde pas pour plus tard ni pour un autre couple. C’est une scène qui leur appartient.

Onirik : Vous avez dédié votre second livre à Nora Roberts. Avez-vous d’autres auteurs que vous aimez ? Avez-vous le temps de lire ?

Sylvia Day : J’adore Nora Roberts.

Je dois lire ! Car quand je ne lis pas, je n’écris pas. Je me force à prendre du temps : lire, regarder la TV, sortir. Je dois recharger les batteries. C’est comme cela que j’arrive à écrire.
J’adore lire, des douzaines de livres. Quand je lis, c’est là que je me souviens pourquoi j’écris.
J’ai lu ma première romance à douze ans. C’est ma mère qui me l’avait fait lire.

Onirik : Les héros de Nora Roberts dans sa série Eve Dallas sont très proches de vos héros. Qu’en pensez-vous ?

Sylvia Day : En effet, je les trouve bien plus proches de la série d’Eve Dallas que de Fifty Shades. J’adore cette série et ces deux héros, je suis très fan.

Onirik : Quel fut votre première romance ?

Sylvia Day : Desert Hostage de Diane Dunaway : une histoire de cheikh qui kidnappe une fille. J’avais adoré. C’est ma mère qui me l’avait donné en me disant : je veux que tu trouves un homme comme ça (rires).

Onirik : Quel genre de romances historiques avez-vous écrit ?

Sylvia Day : J’ai écrit 9 romances historiques. Là non plus je ne suis pas la trame habituelle de la romance historique où on trouve un tome par couple, puis ensuite les histoires des frères ou sœurs dans les tomes suivants. J’ai préféré écrire une histoire sur plusieurs tomes où l’histoire se continue et où on retrouve tout au long les différents personnages.

Onirik : Est-ce votre première venue à Paris ?

Sylvia Day : Oui c’est là que je me rends compte du charme français. Car en Louisiane il y a plein de répliques dans le quartier français mais c’est totalement différent de le voir en vrai et tellement mieux. J’y ai trouvé beaucoup d’inspiration et il y aura des scènes qui se déroulent à Paris dans le tome 3.

Onirik : Pourquoi ce prénom de « Gideon » ?

Sylvia Day : Gideon (elle prononce Guidéone) ? J’ai cherché les origines de ce prénom et l’explication est : « Celui qui élimine ses ennemis ». Cet explication lui va tellement bien, je ne le vois pas avec un autre prénom. J’avais fait une liste avec plusieurs prénoms, comme pour un bébé. Beaucoup de personnes m’ont interrogée sur ce choix, mais moi je le trouve vraiment sexy.

Onirik : Que pensez-vous de votre succès international ?

Sylvia Day : Je n’arrive toujours pas à y croire. On m’a dit que j’étais même première en Slovénie. C’est fabuleux !

Merci mille fois aux Editions J’ai Lu et plus particulièrement à Fanny et à Sylvana d’avoir pensé à nous pour cette incroyable rencontre ! Nous avons passé un moment formidable avec une auteure très disponible et intéressante. Un vrai bonheur !

Interview publié originalement sur le Blog de Evenusia

Crédit photo : Evenusia