L’Homme qui frappait les femmes – Avis +

Présentation de l’éditeur

«Je ne chercherai pas dans ce livre à me justifier ni même à présenter les choses sous un jour avantageux pour moi. Je ne ferai pas non plus l’apologie de ce que j’ai commis. Je comprends qu’on m’en veuille et, dans une certaine mesure, je comprends qu’on fantasme ma mort. (…) Je tiens d’ailleurs à m’excuser pour la véritable indécence que constitue ma vie. Je suis bien obligé de constater que ce défaut dans mon caractère m’a valu des succès…»

Le narrateur est un homme dominé par ses pulsions. Des plages normandes aux boulevards parisiens, du collège à l’Assemblée Nationale, il poursuit les femmes de sa passion destructrice. Ironie du sort, il deviendra pourtant responsable d’une association féministe. Mais pourra-t-il cacher indéfiniment ses penchants ?
Comment mener sa vie, comment fonder une famille lorsque des actes inavouables rythment et défigurent votre quotidien ?

Aymeric Patricot est professeur de lettres et enseigne à La Courneuve. Il est l’auteur de deux romans : Azima la rouge, chez Flammarion, en 2006, Suicide Girls, chez Léo Scheer, en 2010, et d’un essai : Autoportrait du professeur en territoire difficile, chez Gallimard, en 2011.

Avis de Claire

Avec son titre provocateur, qui évoque également un titre antonyme de François Truffaut (L’Homme qui aimait les femmes), son sujet hautement délicat et polémique, Aymeric Patricot n’a pas choisi la facilité pour son nouveau roman.

Alors que les étals des librairies regorgent jusqu’à l’excès de romans surfant avec plus ou moins d’intensité dramatique sur le succès d’une certaine nuance de gris, l’écrivain s’engouffre dans le sens contraire du tunnel. Son héros frappe les femmes. Sans raison. Sans motivation, et même pire, sans se comprendre lui-même.

Narré à la première personne du singulier, ce livre a le don de mettre mal à l’aise. Aymeric Patricot nous propose de suivre le cheminement d’un homme qui bascule peu à peu dans la violence, celle du quotidien, celle que l’on fait à sa petite amie, à sa femme, à une fille d’un soir. Elles, elles n’ont rien demandé.

Son personnage, odieux au possible, n’explique pas ses gestes, ne les appréhende pas, n’a même pas l’excuse d’avoir été maltraité lui-même, et c’est en cela qu’il est troublant. Comment le comprendre ? comment peut-il s’en sortir ? Comble de l’ironie, il oeuvre dans une association de défense des femmes, ivre de cette sensation de mener une sorte de double vie.

S’il se sent misérable, il n’essaie cependant jamais de s’en sortir, laissant sans cesse ses pulsions le dominer. Le constat est implacable, limpide, rien ne pourra le sauver. Aymeric Patricot a la subtilité de ne jamais porter de jugement, il expose les faits, bruts, sauvages, primaires, et nous laisse seuls juges de cette chronique de la violence accomplie.

A découvrir, en fin d’ouvrage, un très intéressant essai, L’Insoutenable, où l’auteur y expose une sorte de manifeste très personnel sur l’art de l’écriture, qui nous aide à mieux comprendre les motivations de son roman, il rappelle d’ailleurs, à juste titre, comme pour se dédouaner d’avoir évoqué si communément l’horreur faite aux femmes, que « donner corps à l’Insoutenable (…), c’est expérimenter l’état le plus avancé de la liberté spirituelle, laisser son esprit vivre une déflagration de pure spontanéité… »

Fiche technique

Format : broché
Pages : 180
Editeur : Léo Scheer

Sortie : 6 février 2013
Prix : 19 €