Maria : tome 1 – Avis +/-

Es-tu un ange de l’enfer? une sainte mère de la perversité ?

L’école de jeune fille d’Airan accueille une nouvelle élève. Sortant de sa Rolls Royce Maria Sanjo intègre la 2C (classe où se retrouvent toutes les « mauvaises filles »). L’accueil implique un duel au couteau avec la chef de classe. Cette dernière veut combattre celle qui pourrait lui contester son pouvoir. Or son adversaire n’est même pas préoccupée par sa propre survie.

Le mangaka a exploré les différents tabous de la société japonaise des années 70 : la violence, le sexe et le masochisme, sans oublier l’inceste et l’homosexualité, en passant par l’euthanasie, le suicide et l’assassinat.L’héroïne qui sert de catalyseur aux passions humaines est la fille d’un pilote kamikaze qui n’a pas pu mourir au combat suite à l’arrêt des hostilités. Que faire de cette vie qui lui a été offerte? Rien, il s’est suicidé.

Le superbe graphisme de Kamimura[[Lorsque nous vivions ensemble, Lady Snowblood (Kana)]] illustre une histoire incroyablement sombre. Paradoxalement l’amour n’est pas absent, mais il concerne des personnes visiblement très perturbées.

Le premier homme qui tombe amoureux de Maria est l’amant de son beau-père. Eh oui… dans un manga tout est possible. Découvrant l’homosexualité de celui qui lui sert de père Maria réagit par la violence. Elle fait chuter le rival de sa mère du haut des escaliers. Devenu infirme celui-ci ne lui en tient absolument pas rigueur. Oubliant ses préférences sexuelles il tombe amoureux follement (c’est le mot) de celle qui l’a rendu boiteux.

Par la suite, Maria jette son dévolu sur le beau gosse de service. Pour attirer son attention elle le fait tabasser par trois hommes de main. La réaction de la victime est immédiate : parfaitement conscient de la responsabilité de Maria, il tombe aussitôt amoureux de sa tortionnaire.Bon… l’amour est souvent aveugle, mais à ce point-là cela devient parfaitement incohérent.

Datant de 1971 le personnage de Maria s’inscrit en fait dans la lignée de ceux qui par leur présence ont une emprise sur leur entourage. Les mangas regorgent de ceux qui influencent autrui que ce soit pour le meilleur (Naruto) ou pour le pire (Maria).

Fiche Technique

Scénario & Dessin : Kazuo Kamimura
Traduction : Jean-Benoît Silvestre
Adaptation graphique : Eric Montésinos
Format : 148 X 210 mm
Pages : 256 pages noir & blanc, sens de lecture japonais
Editeur : Kana
Sortie : novembre 2012
Collection : Seinen
Prix : 15 €