Présentation officielle
Mouche’, drôle de surnom pour une mère, surtout avec cette apostrophe en coin comme un clin d’oeil espiègle et affectueux. Dans ce signe transparaît la fantaisie qu’elle partage avec sa fille romancière.
Marie Lebey esquisse une caricature de sa mère, légèrement ridicule, avec son côté Madame Verdurin pour qui l’art et la beauté sont partout, sauf chez sa fille qu’elle ne voit pas.
Elle va jusqu’à moquer ses origines belges dont Baudelaire dresse le portrait au vitriol dans Pauvre Belgique !
Après la mort de son mari et de sa fille aînée, Mouche’ a un peu perdu la raison et enfermé sa fille dans un musée peuplé des fantômes de ses ancêtres et de ses écrivains fétiches. Pour lui échapper, celle-ci n’avait pas d’autre issue que de devenir une femme, belle et séduisante, captant le regard des hommes dans le seul but d’exister enfin aux yeux de quelqu’un.
Avec tendre ironie, originalité, et cette drôlerie qui la caractérise, dont on comprend la source, Marie Lebey raconte l’histoire de sa relation avec cette femme, mais sans jamais régler ses comptes, bien au contraire : Mouche’ est une véritable lettre d’amour.
Avis de Claire
Avec Mouche’, Marie Lebey continue avec la manière qui est la sienne, par petites touches (cinq livres en vingt-cinq ans), de se raconter avec talent dans des récits aux allures autobiographiques…
Propulsée sur le devant de la scène en 1986, avec son premier roman, Dix-Sept Ans, porte 57, où elle évoque sa relation avec le chah d’Iran, épouse de Dominique Rocheteau, le footballeur, fille de bonne famille, mère de trois enfants et amie des people, sa vie est sa matière première.
Evoluant dans une sphère très bourgeoise, nourrie de Proust, d’Anne Golon, Angélique Marquise des Anges fût son héroïne fétiche, belle et rebelle, comme elle, elle papillonne au gré du courant et des rencontres (Vadim, notamment en 1976).
Elle choisit, à 54 ans, de brosser le portrait de sa mère, personnage haut en couleur, sorte de Pierrot lunaire au féminin, qui mena sa vie selon ses envies, ses tourments et ses besoins. C’est après le décès tragique de son mari et de l’une de ses filles que Mouche’ s’est retranchée dans une tour d’ivoire inaccessible, même pour sa fille.
Face à cette carapace, l’héroïne se débat comme elle peut. Prenant le cheminement de sa mère à contre-pied, elle fait tout ce que sa mère réprouve. Mais ce bras de fer entre deux caractères radicalement opposés révèle un amour incommensurable entre une mère et sa fille, séparées par la seule barrière des émotions non-dites.
Si le sujet est grave, la plume de Marie Lebey est résolument légère, drôle souvent, désopilante parfois, et toujours affectueuse, dardant chaque phrase d’une émotion respectueuse envers celle que l’on appelait Mouche’…
Une belle lecture de début d’année à découvrir.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 200
Editeur : Léo Scheer
Sortie : 16 janvier 2013
Prix : 18 €
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