Ishiwara, l’homme qui déclencha la guerre – Avis +

– Peut-être que pendant la Guerre finale, la moitié de l’humanité périra.

Kanji Ishiwara (1889-1949) avait un grand dessein : celui d’unifier le monde. Cet officier japonais – adepte de la doctrine bouddhiste du moine Nichiren – fit ses études militaires en Allemagne. Après un premier contact défavorable (« les Allemands maltraitent leurs enfants en les laissant sous la garde d’une nounou afin de se promener mari et femme la main dans la main« ), il doit convenir de certains aspects positifs de la civilisation allemande (aspects militaires bien entendu). Il fait ainsi sienne la thèse de Ludendorff : « La guerre moderne consiste à anéantir les peuples, à rayer les pays de la carte« .

Ishiwara illustre le paradoxe de l’armée japonaise qui choisit le modèle prussien alors que le Japon était du côté des Alliés lors de la Première Guerre mondiale. De retour au Japon, Ishiwara va préparer son pays à la « guerre finale » qu’il prévoit pour 1970. Le premier acte sera la conquête de la Mandchourie, riche en matières premières et base avancée pour la future attaque de l’URSS.

Pour cela il organise en 1931 l’attentat contre la voie de chemin de fer japonaise et la « riposte » contre « l’agression chinoise ». Cependant l’incident de Mukden (cf. l’album de Tintin Le Lotus bleu pour plus de précisions) n’avait pas été autorisé par l’état-major japonais. Ce qu’Ishiwara n’avait pas prévu, c’est qu’il allait servir d’exemples à de nombreux officiers pour qui la désobéissance devient un devoir. Les années 30 verront fleurir les attentats terroristes, les assassinats politiques et même une insurrection.

En 1936, Ishiwara devient chef du bureau des opérations de guerre. Mais d’autres officiers suivent son exemple de Mandchourie et prennent des « initiatives » sur le terrain, par exemple… envahir la Mongolie. De même l’incident du pont Marco Polo à Pékin déclenche les hostilités avec la Chine. Ishiwa ordonne un cessez-le-feu…. mais n’est pas obéi.

Tous ces incidents, qu’ils se traduisent ou non par des victoires militaires, aboutissent à des défaites politiques pour le Japon. Suite aux sanctions économiques qui en résultent, les forces japonaises décident une offensive militaire contre les Occidentaux. Entre temps, Ishiwara avait été mis à la retraite. De ce fait, c’est en tant que civil qu’il apprend l’attaque sur Pearl Harbor.

Celui qui avait rêvé d’une militarisation de la société japonaise pour développer l’économie, la recherche scientifique et les forces armées assiste à la chute de son pays avant que son projet de « guerre finale » puisse aboutir.

Cet ouvrage nous éclaire sur le déclenchement du second conflit mondial en Asie. Les écrits d’Ishiwara sont agrémentés de rapports pertinents d’attachés militaires européens. Il nous précise également le caractère de ce singulier personnage qui se trouve être un des héros du manga Zipang [[édition Kana]] de Kaji Kawaguchi.

Le mangaka nous le montre sous un jour assez sympathique. En fait Ishiwara, qui en 1933 se réjouit de l’arrivée d’Hitler au pouvoir (« L’Allemagne se redresse enfin »), prévoyait la fin totale de toutes les guerres… au prix de la mort de la moitié de l’humanité.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 224
Edition : Armand Colin
Sortie : octobre 2012
Prix : 19, 50 €