Le mythe du grand silence Auschwitz, les Français, la mémoire

Présentation de l’éditeur

L’extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale aurait
été oubliée, dit-on, au lendemain de la guerre, voire refoulée, et l’opinion française aurait ignoré son existence jusqu’aux années 1970.

Or, cette approche psychologique ne tient pas. Juifs et non-Juifs se sont efforcés dès le lendemain de la guerre de penser le génocide dans sa singularité. Les élites intellectuelles, dès les années 1945-1950, se sont exprimées publiquement, et très fortement.

Soulignons en particulier le rôle précoce des catholiques et des protestants dont les écrits bouleversants témoignent de leur prise de conscience ; ils iront même jusqu’à adresser des demandes de pardon aux Juifs. Puis ce sont les romanciers, les cinéastes et les hommes de théâtre qui font passer dans l’opinion, au cours des années 1950 puis 1960, la connaissance du génocide.

Lorsque la Guerre des Six Jours éclate en juin 1967, elle rencontre une opinion publique déjà parfaitement instruite, qu’elle n’a pas besoin de réveiller – comme on le dit généralement -, car elle ne dormait pas.

Alors commence l’action de Beate Klarsfeld, ses scandales calculés pour que la conscience du génocide gagne la sphère politique et que, contraint, l’État français s’engage dans la voie des procès. La phase de la reconnaissance publique de l’extermination commence ; mais elle n’aurait jamais pu exister sans le lent travail de maturation et de prise de conscience de l’opinion.

L’auteur

François Azouvi est directeur honoraire de recherche au CNRS et directeur honoraire d’études à l’EHESS. Il est l’auteur de Descartes et la France. Histoire d’une passion nationale (Fayard, 2002) et La
gloire de Bergson. Essai sur le magistère philosophique (Gallimard, 2007).

Sortie : 12 septembre 2012