Rapaces – Avis +

Présentation officielle

Chris Rather, la quarantaine triomphante, est un Français très populaire : il présente le 20 Heures d’une puissante chaîne de télévision.

À un mois du premier tour de la présidentielle de 2012, on le retrouve sans vie, noyé dans un des étangs de Hollande, comme Robert Boulin trente-trois ans plus tôt. S’est-il suicidé ? L’a-t-on assassiné ? Il venait la veille d’interviewer le président de la République…

Une course contre la montre va s’engager chez les enquêteurs pour résoudre au plus vite un mystère qui empoisonne la campagne présidentielle et la vie de la chaîne.

Cette version médiatique du Bûcher des vanités est proposée par un grand connaisseur des milieux politique et télévisuel. Patrick Poivre d’Arvor, qui a présenté les JT des plus grandes chaînes pendant près de trente ans, nous entraîne dans la folle farandole d’un jeu de quilles mortel et haletant.

Avis d’Artemis

Pour commencer, rien de mieux que de partager l’avertissement de l’auteur, car alors vous serez immédiatement plongés dans le ton de ce roman :

« En ces temps de féroce combat politique, certains pourraient se reconnaître dans ce roman de pure fiction. ils auraient tort : ils sont cités nommément. D’autres pourraient espérer passer entre les gouttes. Ils auraient tout aussi tort. Mais ils ne seront reconnus que de ceux qu’ils ont un jour croisés, et cru tuer ou humilier. Ce qui fait en fin de compte beaucoup de monde. Il n’empêche : toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé n’est que fortuite. Et regrettable. »

Efficace, Rapaces coche les caractéristiques classiques du roman à suspense : chapitres courts, style percutant, descriptions brèves, décors succincts, fins de chapitres s’achevant sur un retournement ou une remarque donnant au lecteur l’envie frénétique de tourner la page. Il s’ancre dans l’actualité brûlante de l’élection présidentielle très prochaine et évoque la cruauté du milieu des grandes chaînes de télévision.

L’intrigue policière, prétexte à une réflexion sur l’environnement dans lequel elle se déroule, concerne une star du petit écran, présentateur vedette du JT, connu pour son certain intérêt pour les drogues et pour ses conquêtes féminines. Il est retrouvé mort, une cravate autour du cou, comble pour lui dont la marque de fabrique était justement de n’en porter jamais !

Passe-droits, réseaux, petites et grandes manipulations, influence du pouvoir qui fait et défait, directement ou indirectement des carrières, jusqu’aux pratiques illicites, rien ni personne n’est épargné dans le maelström politico-médiatique français (car ce sont bien eux, les « rapaces » dont il s’agit).

Extrait : « Pour parvenir à ses fins, Nicolas Sarkozy n’avait rien négligé. Il avait remarqué que, depuis le bref intermède de la Révolution, les grandes familles avaient leur mot à dire dans l’élection à la magistrature suprême. Ces grandes familles avaient perdu leurs particules mais ne s’étaient pas pour autant désargentées. Bien au contraire. Le ministre choisit donc méticuleusement le moindre de ses amis dans ce monde des affaires et de la finance. Il poussa le sens de l’anticipation jusqu’à repérer les héritiers plutôt que les tenants de la fortune. » [[Extrait du chapitre 4]]

On pourra cependant s’interroger sur ce mélange des genres. Outre l’impression de règlement de compte, pourquoi cet assemblage de personnages publics cités et mis en scène (on assiste ainsi à une discussion entre Nicolas Sarkozy et son épouse – était-ce bien nécessaire ?) tandis que d’autres, plus ou moins aisément reconnaissables, sont rebaptisés, ces deux catégories se mélangeant à une troisième de personnages purement fictifs ?

Un regret cependant : la fin – très politiquement correcte – est trop classique (et plutôt décevante pour un amateur de romans policiers !)

Fiche technique

Format : broché
Pages : 305
Editeur : Le Cherche Midi
Sortie : 8 mars 2012
Prix : 17 €