Les trois vies de Jane Austen (version 2012) – Avis +

Présentation officielle

Les 3 vies de Jane Austen : celle qu’elle a vécue, celle qu’elle a rêvée, celle qu’elle a écrite…

Une rencontre improbable… Les vies de deux femmes dont les destins s’entrechoquent, deux siècles les séparent : Jane Austen, 1808
et Rebecca, 2008.

Une découverte sur la vie secrète de Jane Austen va mener Rebecca sur une enquête dont elle ne soupçonne pas les répercussions sur sa propre vie.

L’avis d’Artemis

Quel plaisir d’aimer une pièce de théâtre, et de la voir évoluer, progresser, mûrir avec le temps… Onirik est retourné pour vous (et pour son plus grand plaisir !) au Théâtre Essaïon, à Paris, applaudir Céline Devalan et Elodie Sörensen dans Les trois vies de Jane Austen.

La salle du Théâtre Essaïon, véritable cave, est un écrin qui convient parfaitement à la pièce, dans lequel les comédiennes se sont installées et ont imposé une atmosphère particulière, intimiste, hors du temps et de l’agitation parisienne qui règne quelques mètres plus loin, en plein cœur de Paris.

Pendant cette heure et quelques minutes magiques que dure la pièce, nous voilà transportés entre la campagne anglaise du début du XIXe siècle et l’atelier de restauration d’une jeune femme de notre époque.

D’un côté, la petite table d’écriture d’un des auteurs britanniques les plus connus, Jane Austen (Céline Devalan). De l’autre, Rebecca (Elodie Sörensen), qui vient de perdre son père, qui est une artiste dans l’âme mais en plein doute. La restauration d’un petit portrait va replonger Rebecca dans sa jeunesse, où les romans de Jane étaient parmi ses favoris.

L’intelligence de la pièce se situe d’ailleurs à ce niveau (et c’est sans doute sur ce point qu’elle s’est particulièrement bonifiée) : le spectateur est tout aussi intéressé par le parcours des deux femmes, il y a un réel équilibre entre les deux univers. Le personnage de Rebecca nous permet d’entrer dans l’histoire.

C’est elle qui nous invite dans ce voyage dans le passé, dans lequel le portrait joue le rôle de fil d’Ariane. Et surtout, c’est grâce à elle que tous les spectateurs sont entraînés dans l’aventure, qu’ils connaissent ou non l’œuvre de Jane Austen.

Car nul besoin d’être un spécialiste de littérature anglaise pour apprécier le spectacle offert à nos yeux. Il suffit d’apprécier la plume ironique de cette Anglaise, d’être sensible à cette atmosphère britannique du XIXe siècle, particulièrement bien rendue, grâce au texte, aux extraits des écrits de Jane Austen, aux décors (simples mais efficaces), et aux costumes, qui marquent l’évolution des personnages, et se répondent dans les tons.

Sans oublier la musique, bien sûr, qui est à la fois discrète, mais indispensable (entre autres extraite de la bande originale Pride & Prejudice de Joe Wright, composée par Dario Marianelli, ou encore cette sublime Consolation de Liszt magnifiquement utilisée).

La pièce est tour à tour drôle et émouvante, juste et touchante. L’humour est à son apogée avec la demande en mariage de monsieur Collins à Lizzie (extrait d’Orgueil & Préjugés), où les deux femmes, l’une écrivant, l’autre lisant se donnent la réplique pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Le point de vue choisi par le texte (désormais édité[[Vous pouvez vous le procurer via le site de la compagnie La Petite Vadrouille]]) rappellera à certains le film Jane [[Vous pouvez retrouver une chronique d’Onirik sur le film de Julian Jarold (2007) ici]].

L’un comme l’autre donnent une place centrale à la relation de Jane avec Tom Lefroy dans sa vie d’écrivain. Cette vision romancée est contestée par certains. Mais quoi ?! Est-on là pour suivre une thèse sur les caractéristiques et influences des héros de Jane Austen ? Non, et le texte proposé ici est cohérent, bien écrit, et n’oublions pas qu’il s’agit d’une fiction. Alors profitez, tout simplement !

Et surtout, la pièce est portée par le jeu des deux comédiennes, brillantes. On voit les larmes couler, les espoirs ou déceptions se peindre sur leurs visages, si proches des spectateurs (la salle est en effet petite). Un regard suffit à faire passer une émotion, à toucher le spectateur ou le faire sourire. Leur interprétation est toute en finesse et en intelligence.

Pour résumer, ce spectacle original (ce n’est pas souvent qu’un auteur anglais est le héros – ou plutôt héroïne dans le cas présent – d’une pièce) est à voir !

Fiche technique & Informations pratiques

Texte de Lesley Chatterley, Céline Devalan et Elodie Sörensen
Avec : Céline Devalan et Elodie Sörensen
Mise en scène : Régis Mardon avec le regard amical de Delphine Eliet

Dates : du 2 février 2012 au 31 mars 2012, les jeudis vendredis et samedis à 20h00
Prix : Tarif plein : 20 € / Tarif réduit : 15 €
Lieu : Théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au Lard, 75004 Paris
Métro : Rambuteau, Châtelet, Hôtel de Ville
Réservations et informations complémentaires : site web du Théâtre Essaïon

Crédit photos : David Lapetina