Le Sourire de ma mère – Avis +

Pourquoi Léonard, qui attache tant de prix à la vie, a-t-il construit toutes ces machines de guerre ?

Fille d’un artisan italien installé en France, Caterina la jeune sourde-muette se retrouve engagée comme domestique au Manoir de Cloux. Or cette demeure a été offerte par le jeune roi de France François 1er à son invité le peintre Léonard de Vinci.

Artiste, ingénieur et inventeur visionnaire cet homme d’exception éprouve une passion que découvre Caterina. Il s‘agit du portrait d’une femme. Or pour Caterina ce tableau évoque un souvenir à la fois douloureux et merveilleux, celui de sa mère décédée. Ignorant que ce tableau se nomme la Joconde c’est auprès de ce troublant portrait que Caterina se confie silencieusement, évoquant la vie de sa famille et ses tourments.

En alternant les points de vue de Caterina et du célèbre Léonard de Vinci, nous découvrons la biographie d’un des plus grands génies de l’Histoire, mais également la vie des puissants et du peuple durant la Renaissance. En arrière-plan sont évoqués les dures conditions sociales, la forte mortalité infantile, ainsi que les conflits de l’époque.

Ce roman historique présente également une intéressante hypothèse. La fascination de Léonard de Vinci pour la Joconde reposerait sur la ressemblance du modèle avec sa propre mère. Ceci rejoint et contredit en même temps la théorie de « l’autoportrait travesti ».

Certaines personnes[[dont un Expert nommé Grissom]] supposaient que Léonard de Vinci aurait féminisé ses propres traits pour réaliser le portrait de la Joconde. Mais la ressemblance physique pourrait s’expliquer par un lien familial.

Curieusement, l’auteur ne formule pas la possibilité d’une filiation entre Léonard, son modèle et Caterina. Cependant Marie Sellier nous fournit un matériau brut intéressant, nous laissant la possibilité de tirer nos propres conclusions.

Marie Cellier se révèle être un écrivain subtil. Le titre renvoie certainement au film du même nom réalisé par Marco Bellochio et où est évoqué un portrait de la Joconde, alors que l’un des personnages se nomme Léonardo.

Instructif sur le plan historique cet ouvrage nous révèle une ingénieuse romancière.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 148
Editeur : Fernand Nathan
Collection : Nathan poche
Sortie : 18 août 2011
Prix : 4,90 €