Un rôle imprévu – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Quand le séduisant Paul veut décourager les avances d’une femme, il appelle Cameron, son amie d’enfance, et lui fait jouer les « fiancées ». Un moyen imparable, pour Paul, de se protéger de l’attachement et, surtout, du mariage. Jamais, évidemment, le jeu n’a tourné à l’aventure amoureuse – jusqu’au jour où… Moment d’égarement ? Moment d’abandon ? Cameron se retrouve dans les bras de son meilleur ami. Une nuit de passion qui ne tarde pas à les projeter, tous deux, dans un rôle auxquels ils n’étaient préparés ni l’un ni l’autre : futurs parents. Pour Paul, le mariage s’impose , mais Cameron connaît son peu d’enthousiasme pour l’engagement…

Avis de Marnie

Roman étrange, même captivant par certains côté, où l’on trouve le meilleur de la romance… mais paradoxalement aussi le pire. Margot Early ne fait rien à moitié pourrait-on dire. En effet, si l’on applaudit certaines idées audacieuses, adultes et intelligentes très abouties, l’auteur intègre inexplicablement et fort mal à propos des détails irritants… qui tuent même le roman !

Cameron est tombée amoureuse de Paul, mais elle sait depuis une nuit passée avec lui sept ans auparavant, qu’elle ne peut attendre de cet homme insaisissable que de l’amitié. Atteint du syndrome de Peter Pan, Paul est un éternel adolescent qui papillonne de fille en fille, choisissant de faire ce qu’il aime dans la vie plutôt que de gagner de l’argent et de se fixer. Cameron, elle, tente de trouver le grand amour, mais jusqu’ici ses choix ont plutôt été malheureux, essayant toujours d’obtenir l’inaccessible, mais refusant pourtant les garçons « biens » qui se présentent à elle.

L’analyse de ces deux caractères est plutôt fine, aiguë et parfaitement approfondie. Elle ne rend pas nos deux héros sympathiques. C’est ici que se trouve l’audace de Margot Early. Que ce soit Paul ou Cameron, ou encore les parents, la soeur de notre héros… aucun de ses personnages n’est vraiment chaleureux ou agréable. Le manque de communication, le secret de famille (très bien conçu et pour le moins original dans une romance) sont à la base de frictions, de tensions et de mal être, qui touchent tour à tour ou en même temps la plupart des personnages.

Le contexte, soit la grossesse et l’accouchement joue un rôle primordial, mais pas du tout comme dans une romance contemporaine, où la maternité est souvent vue avec une aura de félicité. Au contraire, Margot Early évoque ces phases avec un sens saisissant de réalisme.

Claire, la mère de Paul, est sage-femme, mais cette vocation a provoqué l’effondrement de sa famille. De plus, elle n’exerce pas de façon légale… La phobie de Cameron s’agissant de l’accouchement fait plutôt froid dans le dos. Le drame dont sera victime Bridget, la soeur de Paul n’a rien de rose non plus ! On ajoute un arrière-plan où l’administration d’un zoo est montrée avec autant de nuances que de dure réalité et l’on obtient une histoire où le mot romance est très relatif.

Cet arrière-plan âpre, sérieux et dur est aussi saisissant que passionnant. Alors, pourquoi tout gâcher avec ces histoires rocambolesques de philtres d’amour, qui ici ne fonctionnent pas du tout, la légèreté ou la fantaisie étant totalement absentes du récit. Personne ne peut croire une seconde que des personnages aussi terre à terre, concrets et amers, peuvent se laisser entraîner à agir de façon aussi superficielle qu’irrationnelle. Les effets tombent malheureusement à plat.

C’est vraiment dommage, mais ce ressort romantique gâche tout, surtout qu’il n’y avait pas besoin de cela pour faire progresser l’histoire ou donner des effets au scénario impeccable inventé avec beaucoup d’habileté par Margot Early. Il n’est pas facile d’apprécier un livre lorsque l’on passe du meilleur au ridicule en un paragraphe, et ce, une dizaine de fois dans le roman !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 310
Editeur : Harlequin
Collection : Prélud’
Sortie : 1 octobre 2011
Prix : 5,35 €