Agnus Dei – Avis +

Présentation Officielle

La pédophilie ne mérite pas le silence. Ce documentaire illustre la complicité qui existe entre religieux et certaines familles, qui préfèrent fermer les yeux sur les agissements des prêtres afin que leurs enfants puissent être éduqués. Pauvreté et puissance des soutanes face à l’impuissance des enfants : le cocktail détonnant qui permet à ce fléau de perdurer dans un silence liturgique.

C’est l’histoire d’un homme, Jesús, qui décide de prendre en main son destin : il affronte le mur de silence de l’église, son agresseur, et en le dénonçant, reconstruit sa dignité d’homme et retrouve ainsi sa liberté.

Avis Marielle

Jesús devient enfant de chœur dès l’âge de 11 ans, encouragé par sa mère, fervente catholique à la foi aveugle en son Eglise. Il devient alors la proie et le jouet d’un prêtre pervers, Carlos Lopez Valdes, qui trompe la confiance des parents de l’enfant, par sa position et son autorité et n’hésite pas à abuser de lui.

La mère, complice tout à fait involontaire, encourage la relation de l’enfant et l’ecclésiastique, relation qui, croit-elle, honore sa famille et dont elle tire une grande fierté.

Tout au long du documentaire, Jesús fait le récit de son calvaire qui a duré toute son adolescence. On voit ses tentatives pour stopper cette relation, mais le prêtre la présente comme une chose normale entre personnes qui s’aiment.

Jesús est de plus en plus malheureux, s’enfonçant dans la culpabilité, la honte de sa lâcheté à ne pas pouvoir dire non et la dépression. Ces sentiments sont d’autant plus complexes que la tendresse vient s’y mêler.

Un jour, il découvre que le prêtre a d’autres jeunes amants, ce qui le rend jaloux mais lui donne la force de sortir de cette relation.

Vient alors le moment de la reconquête de sa vie et de son intégrité avec un courage extraordinaire. C’est aussi l’heure du chagrin immense de la mère lorsqu’elle découvre ce qu’a vécu son fils. Elle continue cependant à être une chrétienne fervente mais l’Eglise a perdu tout crédit à ses yeux.

A l’âge de 20 ans, Jesús finit par confronter son agresseur, scène très pénible, qui met face à face la froideur et l’absence de remords du prêtre, et le besoin de comprendre ce qui est arrivé les années passées pour le jeune homme.

Parallèlement à ce récit, la réalisatrice filme de très jeunes séminaristes à qui les professeurs inculquent la notion de pureté, c’est-à-dire dans leur langage, la négation totale de désir et de sexualité. Propos ironiques lorsqu’on voit ce que cette pression peut engendrer de monstruosité.

Par ailleurs, un homme d’église, chargé d’assister les prêtres mis en cause dans ce type d’affaires, réussit (ou du moins s’y essaie) à retourner la situation, en donnant l’exemple d’un prêtre qui avait affaire à des enfants dévoyés auxquels il n’avait pas su résister…

Jesús a porté son affaire devant la justice qui n’a pas inquiété Carlos Lopez Valdes, malgré un dossier nourri de son témoignage et de photos pédophiles mettant le prêtre en scène. Cependant ses démarches ont abouti à une interdiction de dire la messe, ce qui ne l’empêche pas d’officier de temps en temps dans des petites villes.

Après des études de psychologie, Jesús a choisi d’aider les enfants ayant subi le même type de sévices.

La façon d’aborder le thème difficile de la pédophilie dans l’Eglise par la réalisatrice, elle-même croyante, est à la fois réaliste et pudique, même si certaines images sont dures à voir et l’histoire extrêmement révoltante.

Elle a pris le parti de montrer le récit tel qu’il est, sans avoir besoin d’en rajouter, pour faire passer un message à l’Eglise : arrêter de nier et couvrir des crimes qui peuvent détruire des vies humaines.

Très bon documentaire, sincère et objectif, dont on ne sort pas indemne.

Fiche Technique

Durée : 81 minutes

Sortie : 5 octobre 2011

Genre : documentaire

Distributeur : La Femme Endormie