Il faut éviter de voir ce film en pleurant sur la mort de Heath Ledger, disparu il est vrai à l’aube d’une carrière prometteuse. Hormis cela, il faut surtout se souvenir que ce drame intimiste a reçu le Lion d’or au festival de Berlin, et qu’il serait une fois de plus plutôt désobligeant et surtout vraiment réducteur de lui donner l’étiquette “western gay”.
Ce qui est passionnant, ce n’est pas l’histoire d’amour par elle-même, bien qu’elle soit bouleversante entre ces deux cow-boys plus ou moins frustres qu’interprètent avec justesse et émotion Heath Ledger et Jake Gyllenhaal, mais ce sont surtout les ravages que provoquent l’impossibilité d’assumer ce que l’on est, ce que l’on ressent dans une société cloisonnée et codifiée.
L’aspiration à la liberté, le rêve du bonheur sont symbolisés par ces rares moments où ils s’échappent à Brokeback Mountain, alors qu’inévitablement, les deux hommes sont rentrés dans le rang en effectuant avec une sorte de désespoir ce que l’on attendait d’eux, ce choix ne leur apportant que solitude et vide intérieur. Beaucoup de sensibilité dans cette évocation plus amère que douce d’une chronique pas tout à fait comme les autres au pays du Western…