Les femmes du 6e étage – Avis +

Présentation officielle

Paris, années 60. Jean-Louis Joubert, agent de change rigoureux et père de famille « coincé », découvre qu’une joyeuse cohorte de bonnes espagnoles vit… au sixième étage de son immeuble bourgeois.

Maria, la jeune femme qui travaille sous son toit, lui fait découvrir un univers exubérant et folklorique à l’opposé des manières et de l’austérité de son milieu. Touché par ces femmes pleines de vie, il se laisse aller et goûte avec émotion aux plaisirs simples pour la première fois. Mais peut-on vraiment changer de vie à 45 ans ?

Avis de Marnie

Ce genre de film est tellement rare en France qu’il serait vraiment dommage de le rater. Vous qui appréciez les comédies sentimentales américaines, lorsqu’elles réussissent le parfait dosage entre humour, amour et émotion, vous ne pourrez qu’être séduit par cette fable sociale qui certes, vire à la bluette mais l’assume avec une gaité qui ne peut laisser personne indifférent. Hormis l’histoire d’amour, le contexte nous offre la profondeur qui aurait sinon nécessairement manqué.

Si vous avez apprécié la très sobre et parfaite interprétation de Fabrice Luchini dans Confidences trop intimes, de Pascal Leconte, vous le retrouverez exactement dans ce même registre d’antihéros intériorisé qui peu à peu ouvre les yeux sur les autres. Touchant, tout en retenue alors que les émotions se lisent parfaitement dans ses yeux, il nous offre une prestation brillante et « reposante » qui le rendent profondément humain.

Philippe Le Guay avait commis en 2006 une comédie très originale même si elle n’était pas aboutie, Du jour au lendemain, avec Benoît Poelvoorde. Ici, il confirme son savoir-faire en matière de légèreté et de charme. Si Sandrine Kiberlain joue la « bourgeoise » égoïste mais pas si méchante que cela avec une jubilation qui parfois se remarque un peu trop, ses « je suis épuisée » resteront dans toutes les mémoires ! Toutefois, c’est le groupe des espagnoles qui rallie tous les suffrages, avec en tête, Natalia Verbeke qui d’une scène à l’autre où tour à tour elle apparaît en Cosette puis en fière latine, parvenant à nous faire croire avec un naturel confondant en son personnage.

Nous ne présenterons pas Carmen Maura, muse de Pedro Almodovar, et qui depuis Femmes au bord de la crise de nerfs poursuit une superbe carrière européenne. Dotée d’une riche et forte personnalité, elle donne la réplique aux « comiques » du film, les très inattendues mais excellentes actrices Berta Ojea et Concha Galán, expansives aussi bien dans les hurlements de rires que les pleurs (et qui ne connaissaient pas un mot de français avant de commencer le tournage) et qui se révèlent aussi attendrissantes qu’enthousiastes. Enfin, une mention spéciale est à offrir à la très intrigante Lola Dueñas, ici en militante communiste réfugiée politique, qui apporte une petite touche de gravité et de réalisme fort bienvenue.

En effet, la critique sociale est toujours présente même si elle n’est pas au premier plan. Pour décrire cette France cloisonnée et repliée sur elle-même des années 60, qui déjà rejette avec mépris cette vague d’immigration espagnole pourtant appelée, Philippe le Guay s’est plongé dans ses souvenirs d’enfances. Le contexte sonne alors parfaitement juste, que ce soit les décors, les vêtements, la musique… l’atmosphère joue très subtilement entre nostalgie et ambiance douce-amère.

Une romance tendre et joyeuse à qui nous souhaitons longue vie dans les salles !

Fiche Technique

Sortie : 16 février 2011

Avec Fabrice Luchini, Sandrine Kiberlain, Natalia Verbeke, Carmen Maura, Concha Galán, etc.

Genre : comédie romantique

Durée : 106 minutes

Distributeur : SND