Les secrets d’un mentaliste – Avis +

Présentation de l’éditeur

Un ouvrage à la portée de tous, qui procède au décryptage de toutes les techniques de psychologie cognitive, illusionnisme, déchiffrage des micro-expressions, persuasion et résistance au mensonge utilisées dans les séries télévisuelles à succès comme Le Mentalist ou Lie to Me, ainsi que les
techniques de simulation des joueurs de poker (poker face). Le lecteur pourra, en quelques chapitres, être formé pour y résister, ou devenir lui-même, selon son choix, un manipulateur de conscience.

Avis de David

Les héros que se crée la société reflètent souvent les incompréhensions et les peurs contemporaines. Ainsi, on trouvait il y a des siècles un dieu du Tonnerre chez les Scandinaves ou des sirènes chez les Grecs pour expliquer les naufrages, des super-héros mutants à cause d’incidents nucléaires il y a 50 ans, ou suite à des modifications génétiques plus récemment.

La littérature et l’art cinématographique en général qui imposent ces modes en tant que miroirs de la société suivent un cheminement de plus en plus anthropocentrique. En effet, après les dieux et demi-dieux de l’antiquité, les super-héros du siècle dernier ayant leur pouvoir par une cause extérieure (accident, destin, héritage…), nous arrivons à des individus qui ne doivent leurs succès qu’à eux-mêmes. Nous trouvons dans cette dernière catégorie par exemple Cal Lightman, le héros de Lie to me, et Patrick Jane dans Mentaliste. Dans ces derniers cas, contrairement aux médiums, les personnages ne prétendent pas avoir des pouvoirs surnaturels mais s’appuient sur un fond scientifique.

C’est ce fond scientifique que John Bastardi Daumont présente dans cet ouvrage. A l’instar de ce que fit le Cercle Zététique pendant de longues années en démontant les techniques des bonimenteurs, l’auteur nous donne les clefs de lectures des artifices utilisés par des publics tout aussi variés que sont les policiers, les services de renseignements, les gourous, etc.

John Bastardi Daumont passe ainsi en revue le cold-reading, le body-language, le lavage de cerveaux, l’art de la persuasion par le discours et autres domaines liés aux sciences humaines qui ont fait leurs preuves. Au vu du nombre toujours aussi important de manipulateurs, nul ne pourra affirmer le contraire.

Il est évident que sur des sujets aussi vastes et nombreux, le lecteur a parfois envie d’en savoir plus, alors l’auteur cite de nombreux ouvrages de références ainsi que des vidéos sur le net de différentes expériences ou démonstrations de prestidigitation. Cet ouvrage est ainsi à considérer comme une excellente introduction qui permet à chacun d’avoir les clefs pour aller plus loin. Cette interaction entre le web et le livre est facilitée aussi par l’inclusion de QR-code qui permettent via un smartphone d’accéder facilement aux vidéos.

L’auteur, avocat et prestidigitateur de formation, aime Cicéron et a des aptitudes manifestes pour la rhétorique. L’écriture fait justement penser par moment à l’historiographie gréco-latine du premier siècle en ce que l’auteur raconte l’Histoire tout en s’incluant dedans avec des anecdotes personnelles et cela dans un but de tirer des conclusions, de mettre en exergue certaines valeurs qu’il estime fondamentales. Ce n’est pas peu dire que John Bastardi Daumont aime avoir les mains dans le cambouis.

Après, quand on lit un livre sur la manipulation, il ne faut pas s’étonner que la première démonstration (non explicite mais évidente) soit de voir l’auteur manipuler – amicalement – son lecteur. Par exemple, pour appuyer ses dires sur la manipulation par la culpabilisation de l’auditoire, l’auteur cite le cas du prédicateur Jonathan Edwards [[Célèbre pour son sermon : Sinners in the hands of an angry God]] qui prêcha longuement sur la colère de Dieu et il nous explique que « certains des convertis se suicidèrent » (p. 173). Mais une lecture attentive du livre nous fait aussitôt dire « combien précisément ? » (en l’occurrence il s’agissait de deux) puis « ce pourcentage est-il anormal comparativement à un panel représentatif de l’époque ? » et enfin « corrélation n’étant pas causalité, quelles preuves a-t-on que c’est bien les prédications qui les ont poussés au suicide et pas autre chose ?« . Ce jeu entre l’auteur et le lecteur est au final normal et permet justement de tester son esprit critique. Soyez en alerte, voilà le premier message que cherche à nous faire passer l’auteur.

Cet ouvrage est donc un « must-have » dans la mesure où tout autour de nous, la télé et internet en premiers, nous pousse à une absorption d’informations pire que le gavage d’oie. La lecture de ce type d’ouvrage permet justement de reprendre de la distance avec le monde qui nous entoure pour mieux l’appréhender. Et outre la télévision et internet déjà cités, au vu de la multiplication des sectes apocalyptiques, c’est salutaire et ce y compris pour les croyants. Foi et raison ne sont pas incompatibles, loin de là.

Biographie de l’auteur

John Bastardi Daumont est avocat au barreau de Nice et plaide dans la France entière, principalement sur Paris. Il a remporté l’ensemble des concours d’éloquence de son barreau, dont celui de la « Conférence du Stage ».

Il a suivi des enseignements de renseignement et d’espionnage au sein du seul master français développant cette formation : le Master Sécurité Intérieure, dont il fut major en 2005. Il a reçu les cours d’agents de la DGSE, de la DST, des Renseignements généraux, et d’intervenants de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale).

Il a été assistant de justice auprès d’Éric de Montgolfier. Ancien prestidigitateur formé par Jean Pierre Vallarino premier Français à remporter un prix mondial de close up (magie rapprochée) , il a collaboré pendant des années à la revue Exortisma, publication à destination exclusive des mentalistes professionnels.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 208
Editeur : La Martinière
Collection : Essais et Documents
Sortie : 6 janvier 2011
Prix : 16 €