La nouvelle épopée des Brigades du Tigre – Avis +

Présentation de l’éditeur

L’épopée des «brigades du Tigre», ces unités de police prestigieuses créées par Clemenceau, a toujours fasciné ! On se souvient du feuilleton à succès de la télévision française dans les années 1970. Charles Diaz revient sur cette page d’histoire de flics et de voyous en agrémentant cette édition de documents inédits exhumés des archives de la police. Il brosse un tableau pittoresque et précis de ces brigades d’aventuriers de la première heure.

Dans un style simple et percutant, l’auteur évoque les grandes affaires qui ont marqué cette époque : de l’épopée sanglante de la bande à Bonnot au vol de la Joconde en passant par la terrible affaire Vacher…

Un roman exaltant qui redonne vie à des policiers hors du commun !

Avis de Marnie

Nous voici à l’époque charnière de la naissance de police « moderne ». Les découvertes scientifiques accompagnent une refonte fondamentale de la sécurité sur notre territoire. Mais ne croyez pas que l’auteur, policier lui-même, vous plonge dans une étude historique bardée de chiffres, d’analyses, ou encore de descriptions journalistiques soulignant l’horreur de certains crimes.

L’excellente idée de Charles Diaz est d’avoir su écrire ces évènements « historiques » du début du siècle comme un vrai roman. L’idée n’était visiblement pas de nous retracer des faits divers, des portraits de « grands méchants » mais surtout d’essayer de mettre en scène des policiers de la troisième République, formés à l’ancienne de l’ancienne, c’est à dire selon les méthodes de la police politique de Fouché (souvenez-vous de Vidocq…) et qui vont entrer de plein fouet dans l’ère moderne.

Nous ne pouvons qu’être effarés en constatant l’état de la police avant l’arrivée de Georges Clemenceau au ministère de l’intérieur, poste peu envié à l’époque. Si Paris et Lyon possèdent un semblant d’organisation archaïque, les campagnes sont vides, les quelques gendarmes regroupés ici et là, sans qu’aucune information ne soit communiquée au canton voisin.

Ainsi, il faut une intuition hors du commun et une certaine intelligence à un juge d’instruction pour comprendre qu’il est à la recherche d’un serial killer [[souvenez-vous de la vraie histoire relatée dans le film de Bertrand Tavernier, Le juge et l’assassin]]. Les attentats anarchistes, s’ils attisent le besoin « sécuritaire » du peuple et des élus, ne suffisent pas à faire bouger la machine enlisée que représente le ministère de l’intérieur. Il faut donc un sénateur du Var, Georges Clemenceau, un des grands du bloc de gauche, [[celui qui ouvrit les colonnes de son journal l’Aurore à Zola pour qu’il publie son célèbre « J’accuse » titre trouvé d’ailleurs par Clemenceau lui-même.]] qui prendra sa tache à bras le corps, comme son plus grand défi pour bâtir les fondations toujours d’actualité de notre police nationale.

Charles Diaz va donc alors s’attarder sur ces policiers qui apprennent à mener des enquêtes, méthodes qui s’amélioreront selon les cas, en s’inspirant de leurs erreurs, mais aussi il met l’accent sur le caractère différent de ces personnalités dont s’inspireront leurs prédécesseurs. Ces nouveaux fonctionnaires patientent lors des débats de parlementaires qui ne souhaitent pas débourser plus d’argent pour une PJ nationale dont ils ne voient pas l’utilité.

Ils subissent l’air du temps, soit la paranoïa autour de l’espionnage qui règne au début de la Première guerre mondiale, s’intègrent au début de la spécialisation des brigades (les ancêtres du GIGN ou autre anti-gang…) éprouvent les premières rivalités entre policiers (sûreté générale et préfecture de police de Paris). Nous suivons avec un vrai intérêt la première enquête « charnière », celle de la bande à Bonnot, qui apporte une légitimité à cette révolution « de l’intérieur ».

Attention, l’auteur ne fait preuve d’aucune ambiguïté, pour louer « des policiers hors du commun », ou encore de se lancer dans des discours moralisateurs. C’est l’aspect de l’aventure humaine qui est privilégié ici, ce qui donne un ton tout à fait sympathique. Des dizaines de petites histoires vécues par ces nouveaux flics jalonnent ce récit très riche en détails, Charles Diaz prenant à chaque fois un recul intéressant pour nous dresser le contexte politique et social de l’époque, sans l’ombre d’un ennui. Parfaitement documenté et style vivant et soigné… Que demander de plus lorsque l’on se divertit en s’instruisant ?

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 250
Editeur : Jacob-Duvernet
Sortie : 25 novembre 2010
Prix : 19,90 €