Moi, Abraham – Avis +

Présentation de l’éditeur

Qui est Abraham ? Un inconnu. Personnage central de la Bible, géant de la mythologie, héros de l’Histoire, il est à la fois immense et lointain. Le voici proche de nous : du fond des âges, il s’adresse à son innombrable progéniture, dans un langage foisonnant et intemporel. Le temps, l’espace, les générations s’entremêlent. Il nous parle de  » cet Orient qui n’avait rien de moyen  » et dominait le monde civilisé, compris entre l’Euphrate et le Tigre.  »

J’ai grandi, nous apprend-il, dans cet entre-deux, je suis parti de là, de Babylone « . Replacé ainsi aux confins de ces empires dont l’effervescence n’a pas fini d’agiter le monde, Abraham raconte sa jeunesse et prend, sous la plume alerte et facétieuse d’Eric Nataf, une dimension nouvelle. Père de peuples frères qui s’entre-déchirent, il est, plus que jamais, un patriarche vivant et attentif. Il est une part – la meilleure ? – de nous-mêmes.

Avis de Valérie

Abraham est le père des monothéistes. Avant lui, il n’y avait pas d’Hébreux et sans lui il pouvait difficilement avoir de Chrétiens ou de Musulmans. Il est celui aussi qui représente le croyant par excellence puisque sur un simple commandement d’un Dieu qu’il ne connaissait pas, il a pris famille et biens et s’est exilé loin de chez lui pour habiter la terre que le Dieu tout puissant a donné à sa postérité…

Les versets le concernant dans la Torah/l’Ancien testament suffisent à dresser de lui un portrait subtil. A partir de ceux-ci, mais également de la tradition orale, une certaine psychologie et philosophie, ainsi qu’une analyse du système politico-social du lieu et de l’époque, Eric Nataf a pu écrire un texte profond qu’il met dans la bouche du patriarche.

L’auteur a fait un remarquable travail d’analyse, de synthèse, de recherche, que ce soit dans la Bible, la culture religieuse, l’Histoire, les langues anciennes et les ethnies moyen-orientales… Un travail qui va bien au delà de ce que l’on pouvait attendre et qui ressemble à une recherche de toute une vie. Une recherche qui est magnifiée par le plaisir que l’écrivain a pris à la rédaction.

Il choisit sciemment de doter Abraham d’une pensée contemporaine, lui offrant presque une immortalité puisque ce dernier relate les événements comme s’il était vivant de nos jours et qu’il savait comment nous, humains du XXIe siècle, pourrions le comprendre. La narration est faite à la première personne et accentue l’impression de confidence que l’ancêtre ferait dans le creux de l’oreille de ceux qui voudraient bien l’écouter.

Eric Nataf se sert de son personnage principal comme d’un orateur pour ses propres idées, c’est là le point d’achoppement qui pourrait gêner certains lecteurs. D’autant qu’il est indiqué précisément qu’il s’agit d’une transposition de ce qu’il aurait pu dire. Cette orientation défait une volonté religieuse ou théologique, mais laisse à l’auteur un champ bien plus large pour communiquer sa pensée.

Cet excellent ouvrage a donc les défauts de son manifeste, mais il plaira à de nombreux lecteurs, ceux qui aiment les belles phrases, la richesse de la pensée, les amoureux de l’histoire ancienne, les érudits de la Bible (même s’ils pourront y trouver à redire), les fans de romans historiques car l’écriture est fluide et facile d’accès, bref, un livre qui convient a pratiquement toutes sortes de public et qu’il serait dommage de ne pas acquérir.

Biographie de l’auteur

Eric Nataf est l’auteur d’Autobiographie d’un virus (2004), Le Mal par le mal (2006) et Régime mortel (2008), qui ont été d’immenses succès. Médecin, radiologue, échographiste, il est chargé d’enseignement à l’hôpital Cochin.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 362
Editeur : Odile Jacob
Collection : Littérature
Sortie : 1 avril 2010
Prix : 19,90 €